Selon l’INS, la détérioration de certaines routes a contribué à tirer l’inflation vers le haut au Cameroun en 2023

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Mauvais état des routes au Cameroun

Selon l’Institut National de la Statistique (INS), la détérioration de certaines routes et voies ferrées a contribué à tirer l’inflation vers le haut au Cameroun sur les neuf premiers mois de l’année 2023.

« Comparativement aux neuf premiers mois de l’année 2022, les prix des produits alimentaires ont enregistré une augmentation de 12 % au cours des neuf premiers mois de l’année 2023 », écrit l’Institut dans son rapport sur l’« Evolution de l’inflation au cours des neuf premiers mois de l’année 2023 ».

« À fin septembre 2023, le taux d’inflation au Cameroun a atteint en moyenne annuelle 7,8%. Cette augmentation est principalement due à la hausse des prix des produits alimentaires et des transports, avec des taux d’inflation respectifs de 12,8% et 11,5% », peut-on y lire.

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Dans l’échelle des causes, l’INS place même la mauvaise qualité des routes au deuxième rang. La principale raison étant la faible production nationale. Une faiblesse « due à des capacités de production réduites, des conditions météorologiques défavorables ayant entraîné de mauvaises récoltes et des pertes de bétail, la rareté des produits halieutiques, aquacoles et forestiers, et la crise sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, limitant la production et la distribution des produits », écrit l’INS.

Au Ministère des Travaux Publics, on avoue, à demi mots, cet état des faits. Dans ce pays où  seulement 10 225,58 km sont bitumés sur un linéaire total de 121 873 km (soit près de 10%, chiffres MINTP du 31 décembre 2023), la mauvaise qualité des routes saute aux yeux.

Fin janvier dernier, s’exprimant dans le cadre de la première conférence semestrielle des services centraux du Ministère des Travaux Publics, Emmanuel Nganou Djoumessi reconnaissait des insuffisances dans la réalisation des infrastructures routières, et leur impact induit sur l’économie nationale.

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Parmi ces travaux, figurent les routes Mora-Dabanga-Kousséri (212 km), Babadjou-Bamenda (51,9 km), Kumba-Mamfe, Kumba-Ekondo Titi (60 km). Ajouté à ces travaux, les lenteurs dans la mise en place des financements sur les routes Ebolowa-Akom2-Kribi (172 km), Olounou-Oveng (60 km), ou encore Batouri-Yokadouma.

« Par rapport aux objectifs de la SND30, au 31 décembre 2023, nous connaissons un gap de 636,87 km. Soit 73,46% des objectifs atteints », avait-il avoué. Expliquant que « la situation est imputable aux conséquences des crises sécuritaires qui ont donné à retarder la livraison de certains travaux ».

Perspectives

Mais, relativisait-il, ces insuffisances ne sont pas de nature affirmer que l’état des routes est mauvais. « Les axes routiers que vous citez sont des axes qui, par leur persistance, noient les efforts faits par le gouvernement. On a l’impression, avec ce que renvoient ces images, que l’état du réseau routier est mauvais. Alors que tel n’est pas le cas. Je dois vous dire que ces cinq dernières années, nous avons construit près de 2 500 km de nouvelles routes bitumées ».

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Si dans une grande partie, 2023 a été mauvaise pour le panier de la ménagère, l’INS voit l’année 2024 en rouge. « En tenant compte du réajustement de 15% des prix à la pompe à compter du 1er février 2024 et des incertitudes géopolitiques, particulièrement les tensions persistantes au Proche-Orient deux ans après le début du conflit russo-ukrainien, le taux d’inflation devrait se maintenir aux alentours de 7% en 2024 », écrit l’institut.

La qualité des routes, et son impact sur l’approvisionnement des biens de consommation vers les consommateurs finaux pourrait continuer à creuser le sillon de l’inflation. Pour 2024, le Ministère des Travaux Publics prévoit de construire 869,85 kilomètres de nouvelles routes bitumées. Sur la même année, le département confié à Emmanuel Nganou Djoumessi annonce la réhabilitation de seulement 22,98 km de routes bitumées, et l’entretien de 504 km de routes bitumées. L’attention devrait être concentrée sur les routes en terre, où est prévu l’entretien de 2 561 km.

Mais l’argent devrait constituer le principal frein. Si l’enveloppe du MINTP a augmenté 13,65% (elle est passée de 491,46 milliards de FCFA à 569,16 milliards de FCFA), l’argent ne suffira pas. D’abord parce que le MINTP a clôturé l’année 2023 avec des dettes de 102 milliards représentant le volume des décomptes impayés.

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Ensuite parce que l’argent disponible ne permettra de couvrir que 34% des besoins. Il restera donc 66% des besoins en ressources internes des projets routiers non-couverts par les financements.

1 COMMENTAIRE

  1. La route apporte le développent. On a l’impression qu’au Cameroun, on n’est pas pressé d’améliorer la qualité, pour nous ramener 100 ans en arrière.

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