L’avenir s’annonce radieux pour la Société de transport et d’équipements collectifs de Yaoundé (Stecy S.A.). Après le retrait de l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations au Cameroun, le ministère de Transports semble vouloir profiter du répit offert par la CAF pour restructurer cette entreprise de transport de masse.
Concrètement, le gouvernement souhaite entrer dans le capital de la filiale du groupe portugais EximeTrans/Irmaös, pour booster ses activités. D’abord à travers l’entrée de la Communauté urbaine dans l’actionnariat, mais aussi à travers des interventions de l’Etat (appui logistique et subventions).
Une première séance de travail, tenue ce jeudi, 06 décembre à Yaoundé, a permis à Jean Ernest Masséna Ngalle Bibehe de planter le décor sur les aménagements qui pourraient s’opérer au sein de cette entreprise qui garde le monopole du transport urbain de masse dans la capitale politique. Mais les discussions ne sont pas allées plus loin, le Directeur général étant absent.
Mais avant d’entrevoir cet avenir radieux, Stecy doit montrer patte blanche. En fait, le gouvernement souhaite éplucher les comptes de l’entreprise, au moins pour l’exercice 2018 en cours. Et comprendre le fonctionnement de l’entreprise sur plusieurs points. Les finances, les lignes (encore ouvertes ou fermées), la gestion du matériel roulant (vieillissant), le problème du personnel, etc.
Rappelons que dans le contrat de partenariat public-privé (PPP) signé en 2016 par Edgard Alain Mebe Ngo’o (à l’époque, ministre des Transports) et Carlos Miguel Fierens de Morais, le Directeur général d’Eximtrans Afrique, un point portait sur l’octroi d’une subvention d’environ 1,675 milliard de FCFA à la société qui deviendra Stecy.
« Chaque voyage d’un usager sera subventionné à près de 100 FCfa par l’Etat. Soit une subvention annuelle évaluée à près d’1,675 milliards de FCfa que le Chef de l’Etat a consenti en faveur de nos compatriotes citadins de Yaoundé et de Limbé », avait alors expliqué Edgard Alain Mebe Ngo’o.
L’argent, destiné à amortir le coût du transport pour les voyageurs, mais aussi à supporter les charges consenties par le transporteur, n’est jamais arrivé dans les comptes de l’entreprise. C’est en tout cas ce qu’affirme Jean Marie Mbega, le chargé de la communication de Stecy, joint au téléphone.
En deux ans (entre 2016 et 2018), Stecy a connu deux grands mouvements de grève. Le plus récent date de novembre 2017. Des grévistes rencontrés par bougna.net à l’époque, revendiquent le paiement complet de deux mois d’arriérés de salaire, ainsi que le respect de certaines clauses contractuelles. Une position alors été contestée par le Top management du transporteur.
Il n’y a «pas d’arriérés de salaires à ce jour à Stecy. L’entreprise ne doit à aucun employé son salaire. Aucun problème technique réel à souligner non plus. Le service de maintenance fait des efforts pour que les bus fonctionnent», avait alors affirmé Jean Marie Mbega dans les colonnes du quotidien Mutations du 06 novembre 2017.
Trois mois plus tard (en janvier 2018), l’entreprise mettait à la porte 162 employés. Dans un communiqué rendu public à cet effet, le Directeur général les accusait de faire partie d’« un réseau de détournement des recettes ayant occasionné des pertes et un manque-à-gagner évalués à plus de 600 millions de FCFA en huit mois ».
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