C’est incontestablement la bête noire d’Emmanuel Nganou Djoumessi. L’affaissement des ouvrages hydrauliques, à la suite de pluies diluviennes. Depuis son arrivée au Ministre des Travaux Publics (MINTP), il a dû rétablir la circulation sur plus d’une demi-dizaine de tronçons routiers, après l’affaissement des buses. Manyaï (sur la RN3) en 2016 ; Ebombe sur le même tronçon routier en 2017 ; Yassa en 2018 ; NKO, sur la route Sangmélima-Djoum en 2019, Santchou (sur l’axe Melong-Dschang) en 2020, et celui de ce mercredi, 24 mars, sur l’axe Babadjou-Bamenda, survenu en 2021. La différence entre ce dernier accident et les autres, c’est qu’il a lieu sur une route en chantier, abandonnée par l’entreprise en charge des travaux. SOGEA SATOM, adjudicataire du marché depuis 2017, a quitté le site début janvier dernier, à la suite d’une attaque attribuée à des milices pro-sécessionnistes. Une deuxième attaque, après celle de septembre 2018, qui fait désormais le tronçon Babadjou-Matazem l’un des plus insécure de cette région. « Il faudrait que nous évitions de donner du relief excessif à des situations qui peuvent être inscrites dans l’ordre normal des choses », tente de relativiser Emmanuel Nganou Djoumessi. Avant de reconnaître que bien qu’il règne un climat d’insécurité, « il y a aussi des malfaiteurs, des bandits qui viennent poser des actes, qui, malheureusement, sont toujours imputables à la violence socio-politique qu’on enregistre dans cette partie de notre pays ». CABTE Sarl, la nouvelle entreprise retenue par le MINTP est certainement au courant des déboires de son prédécesseur. Elle prend un marché sur lequel elle n’a presque pas de garantie sécuritaire. « Je ne vais pas vous dire qu’on va mettre des gendarmes, des policiers ou des militaires en tenue derrière chaque conducteur d’engin pour construire une route. Ce que je vais donner comme garantie, c’est qu’il y a cette mobilisation citoyenne des populations qui veulent la route (…) Les Comités de vigilance sont organisés », conclut Emmanuel Nganou Djoumessi.
Depuis le retour des pluies, on observe de fortes pluies. Y a-t-il un système de veille pour s’assurer que ce genre d’incident ne se reproduise plus ? Ou, au cas où ils arrivent, que des solutions urgentes soient prises ?
Vous avez pris l’axe Babadjou-Bamenda. J’y étais avec l’équipe projet. C’est-à-dire l’entreprise qui s’y est mobilisée depuis hier soir, et la mission de contrôle. Pourquoi j’y étais ? Parce que les travaux de cette section Babadjou-Bamenda sont arrêtés depuis le 14 janvier par ce que, comme vous le savez, nous avons eu un incident criminel. L’entreprise adjudicataire des travaux nous a notifié son arrêt. Assis sur ce qu’elle considère comme un cas de force majeure, fondé sur l’insécurité.
Les discussions ont avancé pour aboutir au choix d’une autre entreprise. C’est justement parce qu’il existe un système de veille, de surveillance, qu’il y a eu cette réactivité, cette promptitude dans la mobilisation d’une nouvelle entreprise.
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Nous faisons face à des phénomènes naturels. Ce que nous essayons de faire c’est de faire ce qu’il y a à faire pour éviter que ce qui est arrivé cette nuit n’arrive.
Qu’est-ce qu’il faut faire pour que la route ne soit plus rompue là-bas ?
Ce qu’il faut faire, c’est de remblayer le très très importants ouvrages hydrauliques qui ont été faits. Ce remblai a commencé, il se poursuit d’ailleurs, il sera renforcé. Ce que je peux vous dire, c’est que ces travaux ne vont plus être suspendus. Ce que je vais demander, c’est que quand il pleut, les usagers de la route se doivent de marquer un temps d’arrêt. Deux heures de temps au moins jusqu’à la fin des pluies. Avant de reprendre la circulation. Parce que les travaux se font sur des routes qui sont encore en terre. Pendant les pluies déjà, il faut s’arrêter. Deux heures de temps après la fin des pluies, on peut reprendre la circulation. C’est extrêmement important pour tous les usagers de la route de respecter cela.
Le contrat a été attribué à une entreprise. Laquelle a travaillé sur cette section qui va de Babadjou à Matazem, sur 17 km. Des travaux de maintenance de la circulation sont faits sur les autres sections. Matazem-Welcome to Bamenda, ou Bamenda Urban Road. Nous avons déjà identifié trois entreprises pour travailler sur ces sections en particulier.
La veille existe, l’exercice de vigilance est là. C’est pour cela que l’entreprise s’est très rapidement mobilisée entre Babadjou et Bamenda. Le travail est fait, la chaussée a été renforcée, le renforcement se poursuit.
Le problème de la qualité des buses reste. Qu’est-ce qui sera fait pour y remédier ?
Pour éloigner les affaissements des chaussées du fait de la rupture des ouvrages hydrauliques sont prises. C’est essentiellement le remplacement des buses métalliques par des dalots. Là où nous avons eu cette rupture, il y a une grande buse métallique d’un segment hydraulique de 3 mètres qui a été remplacée par un dalot. Les travaux n’étaient pas encore achevés. Parce que le remblai n’était pas encore fait. Depuis ce matin, le remblai est fait. La circulation, depuis ce matin, se fait entre Babadjou et Matazem.
D’autres observateurs font savoir que sur certaines parties de ce tronçon, des fissures apparaissent, et laissent présager un nouvel affaissement. Avez-vous connaissance de cela ? Cela peut-il être empêché ?
Oui. Vous allez voir que là où il y a ces ruptures, c’est là où justement, des ouvrages hydrauliques sont réalisés. Pourquoi ces buses ont été réalisées ? C’est justement pour remplacer les buses métalliques qui y étaient. Systématiquement, avec l’importance des pluies, leur intensité, nous avons pris la décision de remplacer systématiquement les buses métalliques par des dalots ayant au moins le même segment hydraulique que les buses métalliques que nous remplaçons. Si les travaux avaient été achevés, il n’y aurait pas eu de rupture. Pour que les travaux s’achèvent, il faut qu’après la construction de ces buses, que le remblai ait été fait, et que ce remblai ait été stabilisé. Ce que l’entreprise mobilisée depuis hier a fait, c’est de procéder au remblai, au droit des différents ouvrages hydrauliques, et de procéder à la stabilisation. Donc les mesures techniques sont prises pour éviter les ruptures de la circulation. Mais il faut que ces mesures soient conduites de bout en bout.
Quelles garanties donnez-vous à cette nouvelle entreprise que les travaux vont se dérouler en toute sécurité. Etant donné que la précédente entreprise s’est démobilisée pour des questions sécuritaires. Quelles sont les mesures qui ont été prises ?
Il faudrait que nous évitions de donner du relief excessif à des situations qui peuvent être inscrites dans l’ordre normal des choses. Ce que je vais donner comme garantie, c’est qu’il y a cette mobilisation citoyenne des populations qui veulent la route. Vous et moi, nous voulons la route. Les Comités de vigilance sont organisés. Je ne vais pas vous dire qu’on va mettre des gendarmes, des policiers ou des militaires en tenue derrière chaque conducteur d’engin pour construire une route. Mais il y a aussi des malfaiteurs, des bandits qui viennent poser des actes, qui, malheureusement, sont toujours imputables à la violence socio-politique qu’on enregistre dans cette partie de notre pays.
Des mesures sont prises à travers des comités de route, des comités de vigilance. Hier d’ailleurs, j’étais accompagné de monsieur le Préfet du Département des Bamboutos, des responsables des forces de défense et de sécurité qui, de temps en temps, sont là pour prendre des mesures nécessaires pour que les travaux avancent. Je ne suis pas en même de vous dire quelles sont les mesures qui sont prises ou qui seront prises. Mais je puis vous rassurer que si déjà ils ont travaillé depuis ce matin sous la pluie, c’est parce que les populations se sont mobilisées pour dire non, nous voulons la route.
Et c’est sur tout le couloir des travaux. Ce n’est pas seulement sur Babadjou-Matazem, mais c’est de Babadjou jusqu’à Bamenda que les gens se sont mobilisés pour accueillir la route. C’est ce que j’entends par mobilisation citoyenne.
La charge émotionnelle, l’importance économique de cette route pour ces populations. Qu’est-ce que le Ministre des Travaux Publics dit aux populations du Nord-Ouest spécialement ?
La première chose que je dois dire, est que cette route sera construite. C’est un engagement du Chef de l’Etat qui est déterminé à la construire. Avec le concours de notre partenaire financier, la Banque Mondiale. Cette route sera construite même beaucoup plus rapidement qu’on l’imagine parce qu’elle est beaucoup plus segmentée en quatre lots pour aller vite.
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Vous avez le lot Babadjou-Matazem, là où se trouvait l’entreprise SOGEA SATOM qui a arrêté les travaux. Vous avez les autres lots Matazem Welcome to Bamenda, Traversée urbaine de Bamenda et le contournement de Bamenda. Lots sur lesquels nous sommes en train de mobiliser des entreprises locales jouissant des références appropriées en matière de construction routière.
Je dois signaler en passant que nous bénéficions jusque-là de la compréhension de notre partenaire, la Banque Mondiale, en direction de laquelle nous avons proposé une stratégie de mitigation des risques sécuritaires dans la reprise de ces travaux. L’une des mesures que nous avons proposée c’est justement la mobilisation citoyenne des bénéficiaires de la route. Toutes les populations qui se retrouvent sur le couloir des travaux de cette route ont besoin de la route et entendent se mobiliser pour protéger et les travaux, et les équipements qui vont y être déployés. Je n’ai pas de doute que ces travaux vont se poursuivre. Donc la route sera construite.
Deuxième chose que je vais demander aux populations, c’est de se mobiliser. D’éloigner tout risque d’interruption de ces travaux par quel que fait que ce soit, surtout de nature humaine. Pourquoi l’entreprise mobilisée sur la section Babadjou-Matazem a arrêté les travaux ? C’est parce qu’il y a eu cette attaque terroriste du 08 janvier 2021. Déjà, les travaux ont été suspendus pendant 18 mois, après l’attaque terroriste de septembre 2018 qui avait abouti à l’incendie des engins, etc. Il ne faut plus que ça se répète. C’est pour cela que toutes les forces vives doivent se mobiliser pour protéger ces travaux.
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