Zephirin Koloko : Qui sont les traders du Cameroun et comment sont-ils choisis ?

0
Zephirin Koloko, DG de l'Agence Camerounaise de Communication, et Directeur de Publication du journal L'AVENIR

Dans le cadre de la fourniture des produits pétroliers au Cameroun, le processus de sélection des fournisseurs (traders) est d’une transparence à toute épreuve. Le mécanisme d’appel d’offres, qui est en vigueur depuis 2019, comprend trois observateurs indépendants dont la Conac, l’Armp et le ministère des marchés publics. Ce mécanisme consiste en un lancement d’un avis de consultation internationale pour sélectionner les traders, chargés de la fourniture des produits au Cameroun trimestriellement. C’est l’option la plus compétitive d’Afrique Subsaharienne.

La consultation se fait en présence de 15 membres venant de plusieurs départements ministériels et d’entreprises parapubliques ainsi que d’observateurs indépendants. On peut par exemple citer le ministère des finances, le ministère de la défense, le secrétariat d’Etat à la défense en charge de la gendarmerie, la délégation générale à la sûreté nationale, le ministère de l’eau et de l’énergie, le ministère du commerce, la caisse de stabilisation du prix des hydrocarbures…

Lors des travaux de la commission, les représentants locaux et les traders assistent en présentiel et par visio-conférence à l’ouverture de leurs offres. Il convient d’indiquer que les offres ne passent pas la nuit au ministère de l’Eau et de l’Energie . Elles sont déposées au moment du dépouillement. L’adjudication se fait séance tenante et le marché est attribué au soumissionnaire le moins disant. Tous les 15 membres de la commission suscitée signent le procès-verbal des travaux. Une pratique largement appréciée par les partenaires du Cameroun.

Pour ce qui concerne le dernier appel d’offres, les produits sont en cours de livraison. Il y a ainsi eu quinze soumissionnaires au total parmi lesquels Totsa ( Total Paris ),Glencore, Mercuria, Sahara Energy, Totsa, Vitol… Ainsi, au terme de la sélection, l’on a eu Totsa pour le gasoil, Mocoh pour le super et Sahara Energy pour le jet.

Petit détail des négociations concernant spécifiquement le super : le trader Mocoh a simplement proposé la prime la plus basse de moins 33 dollars US par tonne métrique sur le Super et aucun autre trader n’a pu renchérir, ni s’aligner à cette prime pour qu’on puisse avoir deux lots.

C’est la raison pour laquelle le trader Mocoh est le seul fournisseur de Super au Cameroun depuis trois ans.

Autre chose, le mécanisme mis en place depuis 2019 par le Cameroun sous la supervision du ministre de l’Eau et de l’Energie Gaston Eloundou Essomba, permet de faire des économies de près de 12 milliards par mois . Ce qui fait que notre pays est considéré comme étant celui qui, dans la sous-région, achète les produits pétroliers aux prix les plus bas.

L’arrivée du ministre de l’eau et de l’énergie, Gaston Eloundou Essomba, a permis de faire passer les primes qui étaient de 200 dollars la tonne, à 40 dollars la tonne, soit un gain de près de150 dollars la tonne.

Maintenant, le problème découle du fait que l’Etat connaît des difficultés de trésorerie pour honorer ses engagements vis-à-vis des marketters pour payer leur manque à gagner. Ce qui impacte sur la trésorerie des banques locales qui émettent les lettres de crédits avec effet néfaste sur les banques correspondantes étrangères en matière de devises. En clair , les banques étrangères correspondantes des banques locales endossent les paiements des produits pétroliers à l’étranger auprès des Traders qui domicilient leurs opérations de vente desdits produits à leurs clients marketters basés au Cameroun. Il faut également noter que l’Etat paie les manques à gagner aux marketters via les banques locales qui font réellement face à la tension de trésorerie. Et les manques à gagner sont les subventions que l’Etat accorde aux consommateurs des produits pétroliers.

Notons justement à ce sujet que la guerre en Ukraine et l’instabilité au Moyen-Orient comme facteurs exogènes ont renchéri les coûts des produits pétroliers à l’international, ce qui a pour corollaire, l’augmentation et l’accumulation des manques à gagner à payer aux importateurs par l’Etat.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here