Directeur Général de la Banque Africaine de Développement pour l’Afrique centrale, Serge N’GUESSAN a récemment conduit une mission de dialogue de haut niveau au Ministère des Travaux Publics. Au cours des échanges avec l’ingénieur de l’Etat, le patron de la BAD a présenté les nouvelles orientations que son institution souhaite implémenter au Cameroun.
Monsieur le Directeur Général, le 06 juillet dernier, vous étiez à la tête d’une mission de la Banque Africaine de Développement au Ministère des Travaux publics. Vous avez, au cours de l’audience accordée par le Ministre, discuté sur plusieurs points essentiels pour la bonne utilisation du portefeuille de 1 400 milliards de FCFA qui est investi par l’institution panafricaine au Cameroun. Pouvez-vous revenir sur ces points ?
Nous étions là dans le cadre d’une mission de dialogue de haut niveau pour pouvoir échanger avec le Ministre des Travaux Publics et son équipe sur le processus d’amélioration de nos investissements dans le secteur des infrastructures, dans le secteur des Travaux Publics au Cameroun.
Comme vous l’avez dit, la Banque Africaine de Développement a un portefeuille d’environ 1 400 milliards de FCFA. Sur ce montant-là, les routes représentent pas moins de 43%. Une fois qu’on a dit cela, c’est de l’argent mobilisé. Ce n’est pas la finalité. La finalité c’est de voir ces infrastructures réalisées. Et que les populations, aussi bien les plus reculées en zone rurale puissent profiter de ces réalisations.
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Pendant deux heures de temps, nous avons abordé tous les dossiers liés à ce secteur avec une discussion franche. C’était une discussion technique, mais une discussion qui était élevée à un certain niveau. Elle nous a permis d’avoir un consensus, et surtout, des orientations du Ministre des Travaux Publics sur la façon de débloquer les entraves.
Nous avons parlé des problèmes d’indemnisation. Nous avons parlé des difficultés liées à la passation des marchés. Nous avons aussi parlé de la maturation des projets. Sur ces différents aspects, nous avons convenu de faire en sorte que les deux parties puissent rapidement se retrouver à chaque fois qu’il y aura des difficultés pour pouvoir trouver des solutions.
Mais déjà au sujet des indemnisations, on a compris que le financement des indemnisations est une difficulté majeure. Nous avons informé monsieur le Ministre, qu’au sein de la Banque Africaine de Développement, une réflexion a été engagée, pour permettre à la BAD de prendre en compte ne serait-ce qu’une partie de cette indemnisation, si ce n’est pas la totalité. Nous avons, dans ce contexte-là, demandé qu’une fois que les ressources sont disponibles, il faut que le processus qui amène au paiement des indemnisations soit aussi accéléré.
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Nous savons qu’il y a au moins 10 étapes dans ce processus-là. Nous souhaitons qu’à chaque niveau, à chaque étape, les délais soient raccourcis de telle sorte que les financements étant disponibles, cette phase essentielle dans la conception et la réalisation des projets ne soit pas un blocage.
Au cours de vos échanges, vous avez fait une halte sur le dossier de la maturation des projets. Beaucoup de projets ne trouvent pas de financement parce qu’ils sont mal montés. Quelles sont les solutions envisagées ?
Effectivement, nous avons aussi insisté sur la maturation des projets. Le ministre des Travaux Publics nous a rassurés qu’au sein de son ministère, il y a tout un dispositif, une organisation qui permet au projet d’être étudié. Une fois qu’ils sont présentés aux différents comités de décision, que ces projets-là ne soient pas rejetés.
Nous sommes rassurés de cela. Nous souhaitons que dans l’avenir, ce processus se fasse de façon très diligente pour qu’on puisse aller très vite dans la construction.
Vous avez surtout insisté sur la Ring Road. Un projet qui était au cœur d’un accord de prêt de 106 milliards de FCFA signé le 18 juin dernier entre la Banque Africaine de Développement et l’Etat du Cameroun. Vous avez dit plus haut qu’il ne s’agissait pas seulement de mobiliser l’argent. Il faut aussi que la route soit construite. Quelles sont les dispositions prises par la BAD pour que l’argent parte sur la route ?
Nous avons signé les accords relatifs au financement de la Ring Road le mois passé. Comme l’a dit le ministre et les autres autorités qui étaient présentes à la signature de cet accord, ce projet est un projet de paix. Il est important que tous les projets que nous avons dans le secteur des transports, mais surtout celui-là, réussisse, et puisse pouvoir démarrer le plus rapidement possible. Que la priorité des priorités soit donnée à ce projet, parce que c’est un projet de paix.
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Le ministre nous a rassuré que des dispositions sont prises pour encadrer le démarrage de ce projet. Au niveau de la BAD, nous avons réaffirmé notre engagement ferme pour que ce projet se réalise, mais que autour de ce projet, les investissements sociaux se réalisent.
J’en profite, au sujet des investissements sociaux, et surtout, les investissements du secteur privé, pour lancer un appel au secteur privé. Cet appel est lancé pour parce que nous voulons accompagner le secteur privé pour intégrer le processus de paix, mais surtout le processus de renforcement de l’économie de cette région. Il faut que cela soit une réalité. Nous sommes prêts à mettre en place tous les instruments disponibles au sein de notre institution pour accompagner ce processus de développement de l’économie.
C’est à travers l’amélioration des conditions de vie des populations de ces régions que nous allons arriver à la paix.
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