Il est bientôt midi ce jeudi, 24 juin 2021. A Mboro (au Port de Kribi), les mouvements des engins transportant de grosses pierres nécessaires à la réalisation des travaux d’extension du port sont à leur comble. A quelques kilomètres de là, sur la route en terre qui mène à Campo, d’autres engins, tout à fait inhabituels, s’affairent. « Nous réalisons les travaux de reprofilage de la route », lance Magloire, conducteur d’engin. Sur l’une des plaques de signalisation posées à l’entrée, la mention « Travaux réalisés par CAMVERT » permet d’identifier l’entreprise.
Il s’agit d’une société camerounaise, engagée dans un projet d’investissement d’environ 150 milliards de FCFA dans la mise en place d’une palmeraie à Campo, et dans une moindre mesure à Nyété. « Cette route est une véritable manne pour nous. Avant, pour rallier les plus de 100 km qui séparent le Port de Campo, il fallait faire plusieurs heures. Seules les motos étaient adaptées. Et le coût du transport pouvait aller jusqu’à 10 000 FCFA par passager. Aujourd’hui, en deux heures de temps, parfois moins, on fait le voyage », raconte un riverain rencontré au lieu-dit Carrefour Maïs, l’une des zones les plus névralgiques du tronçon.
Le projet
La route ainsi reprofilée, est la partie émergée du projet en cours de réalisation par CAMVERT dans les localités de Campo et Nyété. En effet, sur les 1500 hectares aménagés, la société a déjà planté 400 hectares de palmeraies. Ici, la firme camerounaise cible une production de 180 000 tonnes d’huile de palme par an et 18 000 tonnes d’huile de palmiste. Ce qui devrait réduire le déficit de 130 000 tonnes de la production nationale.
Pour 2021 par exemple, le Cameroun a annoncé sa volonté d’importer 120 000 tonnes d’huile de palme brute pour combler le déficit de la production nationale, estimé à 130 000 tonnes chaque année. Ces prévisions d’importations sont en hausse de 30 000 tonnes par rapport aux importations de 2020 qui s’étaient établies à 90 000 tonnes.
Mais au-delà de la production nationale, les populations riveraines seront les premières bénéficiaires du projet. A ce jour, CAMVERT a développé une nouvelle Pépinière qui emploie déjà 500 Employés. A long terme, elle devrait recruter plus du double, notamment pour les activités dans les plantations.
« La réalisation des travaux de reprofilage de l’axe routier Lolabe-Campo jusqu’à Ipono d’ailleurs est un de nos engagements aussi bien dans le plan de gestion environnemental et social que dans les mémorandums d’entente et signé avec les communautés riveraines. Aussi c’est une façon pour CAMVERT de contribuer au bien-être des populations, dans la mesure où l’axe principal Kribi Campo est totalement dégradé et que tout le monde systématiquement utilise l’axe de notre concession », explique Mohamadou DIALLO, Chef HSE CAMVERT.
Carrefour Maïs. Le spectacle a changé. Le patinage de véhicules, le vrombissement des moteurs de véhicules embourbés, et les chutes de moto sont finis. « On a commencé à s’inquiéter de la vitesse des véhicules qui passaient ici, avec le risque d’accidents. Heureusement, les ingénieurs ont rapidement posé des dos d’âne pour ralentir la circulation », montre un autre riverain.
Campo. Il est un peu plus de 14h30. Cette commune côtière de la région du Sud, située à la frontière avec la Guinée équatoriale, l’effervescence créée par les travaux de reprofilage de la route est palpable. Montre en main, le voyage n’a duré que deux heures. Le reste de temps, notre reporter les a consacrés à la rencontre des populations riveraines et aux interviews. « Avant, quand 14h vous trouvaient ici, il fallait être très courageux pour prendre la route pour Kribi. Une fois, sur le chemin de retour, je suis calé dans la boue. Nous avons essayé de sortir le véhicule, en vain. Nous avons dû dormir sur place. Aujourd’hui, à 14h, on peut même encore faire deux voyages », se souvient notre chauffeur.
Barrières de pluie
Si la psychose de la route a disparu, les autorités administratives et municipales restent cependant préoccupées. En dehors des populations, des dizaines de camions grumiers de sociétés forestières y passent par semaine, et menacent de détériorer ce patrimoine, notamment en saison des pluies. NOUHOU BELLO, le Préfet de l’Océan, a tenu plusieurs séances de travail avec les parties prenantes (Maires, délégué du Ministère des Travaux Publics, chefs traditionnels) pour arrêter les zones où seront installées des barrières de police.
« Je voudrai inviter les populations riveraines de manière générale, mais surtout les usagers de la route, notamment les conducteurs des gros porteurs, à respecter les barrières de pluies que nous venons de situer, quand il pleut, tous les gros porteurs doivent s’arrêter et attendre jusqu’à au moins 4 heures de temps après la fin de la pluie pour pouvoir reprendre la route et circuler. La protection de notre patrimoine routier en dépend », conclut-il.
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