Yves R. MELINGUI : « Le marché financier de la CEMAC va libérer le PAK de la dépendance vis-à-vis de l’extérieur »

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Yves Roger Melingui, Chef de la Cellule de l’Ingénierie Financière au PAK

Yves Roger MELINGUI est Conseiller Technique auprès du Directeur Général du Port Autonome de Kribi (PAK). Dans cette interview, il explique l’importance du marché financier de la CEMAC pour les investissements au Port de Kribi.

Il y a quelques jours, lors de l’édition 2024 de l’Africa Capital Markets Forum (ACMF), le Port Autonome de Kribi (PAK) a révélé son ambition de lever jusqu’à 1 312 milliards de FCFA pour financer son programme de développement sur les dix prochaines années. Pour quels projets le PAK souhaite-t-il lever ces investissements ?

Ce montant inclut notamment la réalisation de la future extension du terminal à conteneurs, du terminal hydrocarbures, du terminal minéralier et la zone industrielle intégrée de 1500 hectares. Je voudrais indiquer que cette somme n’a pas vocation à être mobilisée uniquement à travers les marchés de capitaux. Les sources et les acteurs du financement seront diversifiés et fonction du projet concerné.

Sur la Zone Industrielle Intégrée du Port de Kribi (ZIIPK), un mémorandum d’entente a été signé en février dernier entre l’autorité portuaire et quatre entreprises, dont AGL, Tanger Med, ICTSI, et CHEC. Un peu plus d’un an après, à quel niveau se situe le projet ?

Il convient de préciser que l’objet principal de ce mémorandum d’entente était d’encadrer la réalisation de l’étude de faisabilité technique, juridique et financière du projet. Ladite étude est en cours de finalisation et sera présentée aux autorités dans les mois à venir.

A lire : Que va faire le Port de Kribi avec les 1312 milliards recherchés sur le marché financier international ?

L’objectif est de pouvoir parvenir au démarrage de la phase suivante du projet d’ici la fin de l’année en cours. À cet égard il s’agira de conclure le contrat de développement du projet, structurer et créer la société de projet puis mobiliser les financements nécessaires.

Selon nos informations, le PAK a l’intention de se tourner vers la Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC) pour capter ces financements. Pourquoi ce choix sur cette jeune place boursière, alors que sur le marché financier international, foisonnent des structures de financement adaptées ?

Nous pensons justement qu’il est temps de stimuler et de faire croître cette jeune place boursière comme vous la qualifiez. Il ne vous a pas échappé que la levée de fonds sur le marché financier international était devenue de plus en plus difficile, en raison notamment des politiques monétaires assez strictes implémentées par la FED et la BCE.

Lire aussi : Cameroun : Le Port Autonome de Kribi veut entrer à la Bourse des Valeurs Mobilières d’Afrique Centrale (BVMAC)

Aussi, afin de réduire notre dépendance vis-à-vis de l’extérieur, y compris pour financer nos projets de développement, il convient d’avoir recours à des solutions internes autant que possible.

Pour le Port Autonome de Kribi qui, en 2020, avait signifié son intention d’entrer à la BVMAC, peut-on considérer que c’est un pas décisif vers l’entrée en bourse ?

Pour être tout-à-fait exact, le PAK avait signifié son intention d’avoir recours aux solutions de financement offerte par la BVMAC, étant entendu que l’introduction en bourse n’est pas la seule option. N’oublions pas que le marché des capitaux comporte également un compartiment obligataire qui permet de lever des fonds nécessaires à la réalisation de nos projets.

Ces dernières années, le modèle des Partenariats Public-privé apparaît comme le plus privilégié par le Cameroun. Le Port Autonome de Kribi va-t-il se départir de ce modèle de financement ?

Je souhaiterais préciser que le partenariat public privé n’est pas un modèle de financement mais un mode de réalisation de projets permettant un partage optimal des responsabilités techniques, opérationnelles et financières entre la partie publique et le secteur privé. Dans le cadre d’un PPP, les sources de financement peuvent être multiples, fonds propres apportés par les partenaires, subventions, prêts souverains, prêts commerciaux et éventuellement fonds levés sur les marchés via une émission obligataire. Autrement dit, le PAK poursuivra résolument l’option de réalisation de ses projets via les PPP, tel que voulu par la SND 30, tout en élargissant le champ des possibles pour ce qui est modalités de mobilisation des financements dans le cadre desdits PPP.

Quelle place les PPP ont-ils dans le programme de développement du Port Autonome de Kribi ?

Les PPP ont tout naturellement une place essentielle dans le cadre du programme de développement du PAK, parce que la loi portuaire de 1998 prévoit une participation importante du secteur privé dans le développement des activités portuaires, mais aussi parce qu’il s’agit de l’option de développement des projets d’infrastructures consacrée par la SND 30.

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