Dans une correspondance adressée au président du Syndicat des pilotes de ligne et ingénieurs navigants de l’aviation civile du Cameroun (SPINAC), Camair-Co déplore l’utilisation des propos alarmistes et diffamatoires dans le préavis de grève déposé ce 05 août.
Le document de 18 pages que BOUGNA a pu lire, réagit, point par point, aux revendications des syndicalistes, portées à l’attention de la déléguée régionale du Travail et de la Sécurité Sociale du Littoral.
Dans leur correspondance, les pilotes syndicalistes déploraient par exemple « l’instauration et la détermination obsessionnelle à maintenir un climat délétère de tension sociale explosive par la violation ostentatoire du Code du Travail, du Code Pénal, affectant ainsi les conditions physiques, mentales et psychologiques de l’ensemble du personnel, particulièrement le Personnel Navigant Technique (les Pilotes) ».
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Pour ELLA NGUEMA Jean-Christophe, « Camair-Co a mis en œuvre l’harmonisation des contrats de travail de son personnel, en tenant compte des dispositions du Code du Travail, et de la loi sur l’Aviation Civile au Cameroun. Dans le cadre du dialogue social, les éléments de l’harmonisation ont été présentés au syndicat, et leur avis a été sollicité. Toutes ces démarches ont été faites pour apaiser le climat social, et ne saurait aller à l’encontre des dispositions du Code du Travail, ni du Code Pénal ».
Sur le plan de la santé du personnel, ajoute-t-il, « ce dernier (le personnel Ndlr.) est astreint aux visites systématiques, et bénéficie aussi d’une assurance maladie. Quant au personnel navigant, il bénéficie d’une assurance risques professionnels, et est à jour des exigences règlementaires en matière d’aptitude physique et mentale ».
La question du traitement salarial, qui reste au cœur des revendications des syndicalistes, a retenu l’attention du Directeur Général. « Sur la période allant de janvier à juillet 2024, les salaires perçus par les Commandants de bord camerounais en activité de vol varient entre 21, 530 millions de FCFA et 37, 692 millions de FCFA contre ceux perçus par les copilotes étrangers qui varient entre 17, 351 millions de FCFA et 20, 978 millions de FCFA ».
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L’entreprise reconnaît cependant les arriérés de salaires sur l’année 2020. « Ils ont été matérialisés par la signature d’un PV entre chaque Employé et Camair-Co, et font partie de la dette sociale, inclue dans la dette qui doit faire l’objet d’un traitement par le Ministère des Finances, dans le cadre de la restructuration et relance de la Compagnie ».
Dans ses réponses, le DG de Camair-Co renvoie parfois les grévistes vers les instances supérieures. C’est le cas notamment de la concurrence dans l’espace aérien nation. Un espace où les Compagnies aériennes étrangères « se partagent un chiffre d’affaires quotidien, minimum de 2 milliards de francs CFA, au détriment de Camair-Co, selon les syndicalistes. Mais dont la décision relève de la « compétence de l’Etat, dans le cadre de la mise en œuvre de ses différents accords aériens ».
C’est aussi le cas du redéploiement des Pilotes militaires dans l’Armée, ou à la Brigade de Protection Aérienne (BPA) de « Camair-Co ». Puisque selon les syndicats, ils ressentent une aversion pour les forces de défense au vu de leur double rémunération à « Camair-Co » supérieure à celle des civils. Pour ELLA NGUEMA Jean-Christophe, « La présence des Pilotes Militaires à Camair-Co est une décision de l’Etat propriétaire » pour pallier à la pénurie de main d’œuvre dans ce secteur.
Il n’y a donc pas de risque de sécurité dans le fonctionnement de Camair-Co, comme l’ont affirmé les pilotes du SPINAC. Mais une tentative de porter leurs revendications en haut lieux, en touchant à la sensibilité des politiques.
La question qui est posée est la suivante : comment les pilotes, une fois leurs revendications résolues, feront-ils pour ramener la confiance des passagers fortement touchés par l’annonce d’une menace sécuritaire ?