Que les choses soient claires. La fin des subventions de l’Etat sur les prix des carburants ne sera pas immédiate. Les mesures prendront encore quelques temps avant d’être appliquées, au cas où l’Etat viendrait à s’y plier. Dans le communiqué de presse rendu à la fin de la mission de ses équipes, le Fonds Monétaire International (FMI) est sans équivoque.
« Les communiqués de presse de fin de mission contiennent des déclarations des équipes des services du FMI qui rendent compte de leurs conclusions préliminaires après leur visite dans un pays. Les avis exprimés dans la présente déclaration sont ceux des services du FMI et ne correspondent pas nécessairement à ceux du conseil d’administration du FMI. À partir des conclusions préliminaires de cette mission, les services du FMI établiront un rapport qui, sous réserve de l’approbation de la direction, sera présenté au conseil d’administration pour examen et décision », peut-on lire.
Sur les constats faits par la mission du FMI au Cameroun (du 15 au 29 juin dernier), il faut là aussi être lucide. Si elle anticipe sur une inflation moyenne de 4,6%, la mission du FMI pense que « l’augmentation des recettes des exportations de pétrole devrait permettre d’améliorer le déficit de la balance courante, qui devrait atteindre 2,1 pour cent du PIB ».
Les équipes disent par ailleurs avoir obtenu l’engagement des autorités « à mener une politique budgétaire axée sur une réduction progressive du déficit et révisent le budget pour maintenir le déficit (sur la base de la trésorerie, y compris les dons) à 2,5 pour cent du PIB, soit à peu près le même niveau que dans le budget initial ». Cela devrait permettre de ramener le stock de la dette publique à environ 44 pour cent du PIB d’ici à la fin de 2022.
Carburant
Sur la question du carburant, le Cameroun s’en sort plutôt bien. A l’issue de leur visite, les équipes notent que « l’impact de la hausse des prix internationaux du pétrole sur le budget est mitigé, car l’augmentation des recettes pétrolières est plus que compensée par une hausse substantielle des subventions aux carburants (estimées à 2,9 pour cent du PIB, contre 0,5 pour cent en 2021) visant à maintenir inchangés les prix de détail administrés des carburants. L’augmentation du coût des subventions est donc compensée par la réduction d’autres dépenses, notamment celles consacrées aux projets d’investissement ».
Bien que le Cameroun ait réussi, jusqu’à présent, à stabiliser les coûts du carburant à la pompe grâce aux subventions, la mission du FMI craint que « le coût élevé des subventions aux carburants serait difficile à maintenir dans le cadre des projections actuelles des prix internationaux du pétrole ». Ce qui justifie la suggestion de procéder à une « suppression progressive des subventions aux carburants (qui Ndlr.) devrait s’accompagner d’un renforcement substantiel du mécanisme de transfert social en espèces ».