Catastrophe naturelle : Quand défaut d’ingénierie et mauvaises habitudes accentuent les dégâts sur la route

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Beyeme Jeanne Marie garde encore le douloureux souvenir de l’ultime inondation d’avril 2018 dans son domicile à Yaoundé au quartier Nkolbisson, lieu-dit « Karamba ». Partie faire des courses pour son restaurant (un commerce de fortune improvisé devant son domicile) ce 4 avril 2018, c’est par l’intermédiaire d’un chauffeur qui a l’habitude de la transporter qu’elle apprend que son domicile est presqu’englouti par les eaux des rivières qui traversent son quartier.

Au départ, croyant à un poisson d’avril, il a fallu qu’elle se rende sur les lieux pour constater les dégâts. C’est avec une voix pleine d’émotions, d’amertume et même de déception qu’elle raconte. « Le chauffeur a emprunté la route du camp Sonel (ancien ENEO Cameroon). Arrivé au virage, au loin, je vois la Sanaga (nom d’un fleuve au Cameroun ndlr). On ne distinguait que les toitures des maisons, la route était bloquée. C’est en ce moment que je me souciais des documents importants : les diplômes, les actes de naissance et de toutes mes affaires englouties. J’étais obligée de me refugier ailleurs pour dormir. Tout le quartier a été évacué par les services sociaux. Deux personnes sont mortes noyées ce jour-là », se souvient-elle.

A lire sur bougna.net : Cameroun : des inondations causent l’affaissement de la route sur Kwele Ndélélé à Ngoura sur la RN10 

Non loin de là, à la mairie de Yaoundé 7ème (Département du Mfoundi, région du Centre), les traces d’eau sont encore visibles dans le bureau de Tsoungui André, Chef de Service des Affaires générales. Ici, il y a un an, les eaux atteignaient environ 1m50 de hauteur, à la suite de pluies diluviennes. Les murs de l’étroit bureau situé au rez-de-chaussée de ce bâtiment portent encore les stigmates de la nature en colère.

« Quand il pleuvait c’était très grave, on était inondé. A cette période, vous ne pouviez pas arriver ici. Vous imaginez les dégâts matériaux que cela a causés. Il fallait absolument faire une action ici. Comme ce pont construit avant la mairie. Car c’était un problème de buses métalliques » narre-t-il.

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A la Mairie comme à « Karamba », Beyeme et Tsoungui attribuent la cause principale des inondations à l’étroitesse des buses sous les ponts. Pour y remédier, une solution en béton s’impose. La Priorité est accordée au pont situé à environ 100 mètres de la mairie. Rendus sur le site ce 13 octobre, nous avons pu observer la présence de dépôts d’ordures et d’amas de sable sous le pont. Laissant craindre une nouvelle obstruction des voies d’eau, si rien n’est fait. Mais, tente de rassurer Tsoungui : « Nous attendons la saison sèche pour dégager le pont ».

Causes humaines

Installée à « Karamba » depuis 45 ans, Beyeme Jeanne Marie constate la récurrence des inondations malgré la construction d’un nouveau pont devant la chefferie. Une situation qu’elle attribue aux constructions anarchiques et à l’insalubrité des populations. Une information confirmée par le Chef de Service des Affaires Générales de la Mairie de Yaoundé 7ème qui regrette la têtutesse des populations qui attendent très souvent d’être déguerpies avant de quitter les zones à risque.

Solutions

Si pour certains l’application des sanctions à l’endroit des populations insalubres constituent un début de solution, pour d’autres comme à la commune d’arrondissement de Yaoundé 7ème, il faut sensibiliser en permanence et déguerpir si nécessaire. Des organisations de société civile comme Jeunes Volontaires pour l’Environnement branche Cameroun espèrent quant à elles, attirer l’attention des décideurs sur la justice climatique afin d’apporter des solutions pérennes.

Larisse TOGNA

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