Après la signature de l’ordonnance du 29 mai 2019 par Paul Biya, Ngalle Bibehe, son ministre des Transports va-t-il dire au revoir à l’un de ses projets phares. Celui de réduire de moitié le nombre de morts des suites d’accidents de la circulation d’ici 2020.
C’est en tout cas ce qui apparaît dans le document qui vient modifier la Loi de Finances 2019. Document dans lequel le Président de la République passe au couteau l’enveloppe budgétaire du ministère des Transports. Elle quitte de 13,519 milliards (Loi de Finances votée à l’Assemblée) à 5,951 milliards.
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Soit un peu plus de 7,568 milliards de FCFA retirés d’une seule traite sur le budget du ministère des Transports. Ce qui représente plus de 60% de l’enveloppe budgétaire allouée à Jean Ernest Masséna Ngalle Bibehe en décembre dernier.
Opération chirurgicale
En observant de plus près le document de 31 pages, on constate que cet argent est prélevé dans le budget d’investissement dudit département ministériel. Ce qui devrait mettre fin aux actions programmées dans le cadre de l’exercice budgétaire en cours.
L’ordonnance limite aussi le montant des autorisations d’engagement. Ici, le plus gros prélèvement budgétaire est fait sur le programme de développement et de réhabilitation des infrastructures de transport.
Un programme qui a pour objectif d’améliorer les conditions et coûts des transports, et d’accroître la mobilité. Les autorisations d’engagement passent d’environ 9,402 milliards de FCFA à pas plus de 2,234 milliards après les prescriptions de l’ordonnance.
Autre programme touché, le programme d’amélioration du système de sûreté et de sécurité des différents modes de transport. Il perd 215 898 millions de FCFA. Soit exactement le montant annoncé par Ngalle Bibehe en novembre dernier pour soutenir les actions de sensibilisation sur la sécurité routière.
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Rappelons que dans le cadre de la Loi de Finances, deux indicateurs permettent de mesurer l’efficacité des actions engagées par le ministère des Transports dans le cadre de ce programme. « Le pourcentage des infrastructures certifiées, et le taux de réduction du nombre d’accidents sur les routes », a pu lire bougna.net.
En signant l’ordonnance du 29 mai dernier, Paul Biya porte un coup dur sur le projet gouvernemental de réduire de 50% le nombre d’accident sur les routes à l’horizon 2020. Et ce n’est pas tout. Il met aussi en danger la place chèrement acquise par le Cameroun auprès de l’ONU.
En effet, le Cameroun fait partie des deux pays africains (avec l’Ouganda) sélectionnés pour bénéficier de l’accompagnement des Nations Unies à travers le programme « Road Safety performance Review », et dont l’aboutissement a été ponctué par la visite de Jean Todt, l’envoyé spécial du Secrétaire général de l’Onu pour la Sécurité routière.
Ce qui avait notamment encouragé le parlement à valider l’octroi d’une enveloppe budgétaire spécifique aux opérations de sensibilisation. Opérations qui font partie des cinq piliers de la décennie d’actions pour la sécurité routière. A savoir la gestion de la sécurité routière, la sécurité des routes et mobilité, la sécurité des véhicules, la sécurité des usagers de la route et les soins après accident.
Conséquences
Pour l’instant, les conséquences de la décision présidentielle du 29 mai ne sont pas immédiatement mesurables sur le terrain. Mais plusieurs faits observés au cours de l’année écoulée permettent de mesurer l’impact de l’ordonnance sur la vie (ou la mort) des camerounais.
Début d’année 2018. Le ministère des Transports lance une campagne de répression des infractions routières. A l’issue de la campagne, les résultats sont inquiétants. Les équipes constatent chez Finexs Voyage, Buca Voyage, et Touristique Express Voyage 2 336 infractions sur les 3 591. Ce qui représente plus de 65% des cas de violations du Code de la route (port de ceinture de sécurité, excès de vitesse, mauvaise qualité des pneus, etc.).
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Des opérations de sensibilisation sont menées auprès des opérateurs de transport interurbain, pour que les chauffeurs soient plus respectueux des limitations de vitesse. A l’issue de ces campagnes, les fruits commencent à tomber.
Décembre 2018. Pendant les fêtes de fin d’année, le ministère des Transports lance une autre enquête. Celle-ci se déroule dans le cadre de la phase répressive des infractions d’excès de vitesse sur la Route nationale N°3 (axe Douala-Yaoundé). Les résultats issus de cette enquête sont moins inquiétants.
Les mêmes noms reviennent. Finexs Voyage, Buca Voyage Touristique Express, Garanti Express et Butrans Voygage. Mais le volume des infractions est en baisse. A eux seuls, ces cinq opérateurs de transport interurbain sont flashés en excès de vitesse plus de 77 fois par le radar fixe de Mbankomo. Calculatrice en main, ça fait sept cas d’excès de vitesse observés par jour. Mais par rapport aux résultats précédents, il est clair que les bonnes habitudes ont repris le dessus.
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