Jallow Mam Sait : « Pourquoi l’OACI a remis la certification au Centre de formation de la CCAA »

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Crédit Photo: aib.bf

Le 13 novembre dernier, c’est à Jallow Mam Sait, le Directeur régional de l’OACI (Organisation de l’aviation civile internationale) pour l’Afrique centrale et de l’Ouest qu’a été confiée la mission de remettre au Centre de formation de la CCAA, la certification de l’OACI. Une sorte de diplôme qui fait désormais du Cameroun, l’un des six pays du continent africain, à offrir des formations en sûreté de l’aviation civile. Une reconnaissance pour le Cameroun, mais une première victoire pour Assoumou Koki Paule, la Dg de la Cameroon civil aviation authority (CCAA), qui, depuis son arrivée en 2016, a fait de la sûreté du ciel camerounais son principal cheval de bataille. Avec cette institution installée dans les locaux de la CCAA situés dans l’enceinte de la zone aéroportuaire de Douala, le Cameroun devient en quelque sorte l’Université de l’aéronautique en Afrique centrale. Un statut acquis après de longues et difficiles réformes, mais qui n’est en aucun cas définitif. « Le certificat de reconnaissance délivré par l’OACI au Cameroun signifie que ce Centre répond aux exigences générales spécifiques en la matière, et qu’il est capable de continuer à y répondre pendant la période de validité du certificat de reconnaissance », met en garde Jallow Mam Sait. Rencontré à Douala, en marge de la cérémonie de remise de l’accréditation, le Directeur régional de l’OACI pour l’Afrique centrale et de l’Ouest nous ouvre les portes de l’institution. Et décrit les critères qui ont permis au Cameroun d’entrée dans la liste très fermée des 35 pays habiletés à former en sûreté de l’aviation civile dans le monde.

 

 

Vous avez effectué séjourné au Cameroun du 11 au 14 novembre dernier. Au cours de ce sur notre sol, vous avez notamment procédé à la remise de la certification OACI au Centre de formation de la CCAA. Pouvez-vous nous rappeler les critères sur lesquels l’OACI s’est fondé ?

L’objectif principal de ma mission au Cameroun était principalement l’inauguration du Centre de formation régional de la CCAA. J’ai remis, au nom du Secrétaire général de l’OACI, le certificat de reconnaissance de ce centre par notre institution. Cette importante réalisation intervient juste avant la deuxième conférence de haut niveau sur la sûreté de l’aviation qui se tiendra à Montréal du 29 au 30 novembre 2018. Le certificat de reconnaissance délivré par l’OACI au Cameroun signifie que ce centre répond aux exigences générales spécifiques en la matière, et qu’il est capable de continuer à y répondre pendant la période de validité du certificat de reconnaissance.

Je voudrai ici saluer le gouvernement camerounais, et les efforts appréciables déployés par la Direction générale de la CCAA, le personnel technique du centre de formation. Ils ont abouti à la performance que nous célébrons. C’est à dire la reconnaissance de ce centre de formation. Le bureau régional de l’OACI se réjouit de cet accomplissement qui renforce les capacités de formation de l’Afrique, en favorisant la mise en œuvre des objectifs de la déclaration sur la sûreté et la facilitation en Afrique.

 

Sur quels critères s’est fondé l’OACI ? Quelle est la procédure qu’un pays doit engager pour obtenir une certification comme celle-là ?

L’OACI a établi un réseau de centres au niveau mondial. Il y a un système d’évaluation  et de reconnaissance de ces centres. Ce programme d’évaluation et de reconnaissance se base principalement sur l’assurance que cette formation suit les normes et pratiques recommandées par l’OACI. Mais aussi s’assurer que les dispositions comme les compétences, les équipements, les règlements, les organisations, les installations…respectent les normes, et sont en conformité avec les normes de l’OACI pendant la période de validité de centre.

 

Le Cameroun, en tout cas, dans le secteur du transport aérien est en pleine mutation. Ça se voit sur les rapports d’audit de l’OACI. Quelle observation faites-vous du secteur au Cameroun en particulier, et dans le monde en général ?

La Sûreté et la facilitation sont essentielles à la pérennité de l’aviation civile et représentent des facteurs clés pour le développement rapide de l’économie mondiale. En effet, les actes illicites présentent une menace pour la sécurité et la sûreté de l’aviation civile. Aussi l’OACI soutient-elle et assiste-t-elle ses Etats membres pour la prévention des actes et des interventions illicites.

La remise des résultats du programme universel d’audit de sécurité de l’OACI ainsi que d’autres fait ressortir que la sûreté de l’aviation et la facilitation en Afrique rencontrent souvent encore des lacunes systémiques persistantes. Notamment dans les domaines de la réglementation et la supervision de l’exploitation. Ce qui nous contraint à une mise en œuvre satisfaisante des normes ainsi que la réduction des risques.

De quelles difficultés s’agit-il ? Pouvez-vous nous en citer quelques-unes ?

Les difficultés rencontrées se rapportent essentiellement à des défaillances des législations nationales et des dispositifs de gouvernance, à des infrastructures et des services inefficaces ou inadéquats. A ces difficultés, il faut ajouter les fonds insuffisants et à un manque de personnel au nombre suffisant et qualifié.

L’OACI reconnaît notamment que les normes ne sont efficaces que lorsque des personnes responsables de leur mise en œuvre sont compétentes dans l’accomplissement de leurs tâches, et supervisent le réseau en vue de répondre aux besoins de sûreté dans le monde. Dans le même ordre d’idée, le programme régional de mise en œuvre complet de la sûreté et de la facilitation en Afrique établi par l’OACI en 2015 prévoit entre autres, dans sa première phase, l’approbation, par tous les Etats, des programmes nationaux dans ces domaines. Donc un programme national de formation à la sûreté de l’aviation civile. Cet objectif requiert les capacités d’absorption suffisantes de la demande de formation dans la région et dans le monde. L’un des principaux piliers de la politique de formation aéronautique de l’OACI c’est la reconnaissance des opérations de formation. Cela est fait par le biais d’évaluations réalisées avec succès sur le terrain des organisés potentiels.

 

Ces difficultés sont-elles prises en compte pendant les audits que vous menez, comme celui d’avril dernier au Cameroun ? Plus clairement, que recherche l’OACI dans les audits ? A quoi servent-ils ? Que gagne un pays qui accueille les auditeurs de l’OACI ?

Durant une évaluation, l’OACI valide la capacité de l’organisé à donner des formations fondées sur les compétences et à gérer celles-ci de manière à appuyer efficacement la formation des professionnels de l’aviation dotés d’aptitudes adéquates. L’OACI a établi un réseau de Centres de formation en sûreté de l’aéronautique en vue de promouvoir le développement professionnel des personnels travaillant dans ce domaine à l’échelle mondiale. Le programme ASTC utilise le matériel développé et reproduit par l’OACI. Il est destiné à soutenir les Etats dans la mise en œuvre des normes et pratiques recommandées par l’annexe 17 de la convention de Chicago.

L’OACI supervise la qualité de la formation AVSEC délivrée via le réseau de ASTC par le biais de la certification de ses structures, et surtout la reconnaissance du centre de formation sur la base des critères généraux pour l’établissement et le maintien de la reconnaissance en tant que centre de formation AVSEC de l’OACI, conformément à la politique de formation de l’OACI.

Quels critères, par exemple ?

Ces critères généraux comprennent notamment la mise en place d’une source de financement durable afin de faire face aux besoins financiers du centre de formation pour assouvir son efficacité professionnelle de manière continue, maintenir et mettre à disposition des installations et équipements appropriés, fournir un personnel technique et administratif, et appuyer toutes les activités de formation.

Allier avec le processus de reconnaissance du centre de formation, il est aussi nécessaire d’évaluer chaque centre de formation. A savoir l’organisation responsable de la gestion et de l’exploitation du centre, afin de déterminer sa capacité à fournir de manière durable une formation en sûreté de l’aviation, et sur les plans international, régional et national, conformément aux critères généraux établis.

Quels risque courre le Cameroun, et les autres centres de formation qui ne respectent pas les règles, ou les normes de l’OACI ?

Les centres de formation ont l’obligation de se conformer aux exigences établies par l’OACI en vue de maintenir leur reconnaissance. Cela implique la mise en place d’une communication et de coordination avec le siège de l’OACI, le bureau régional et les experts régionaux AVSEC de l’OACI, pour toutes les activités relatives aux activités internationales de formation. Il doit aussi développer et mettre en œuvre un programme de formation annuel actif pour des participants régionaux et nationaux.

Avec la reconnaissance des centres de formation AVSEC du Cameroun, le réseau des centres de formation en sûreté de l’aviation comprend aujourd’hui 35 centres judicieusement répartis dans toutes les régions de l’OACI, afin de fournir une formation en sûreté de l’aéronautique aux niveaux international, régional et national à toutes les catégories de personnels concernés ou responsables de la mise en œuvre des mesures, politiques et procédures de sûreté.

Interview avec Frégist Bertrand TCHOUTA

 

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