Denis Emilien Atangana : « Notre objectif est de faire de Monatélé une destination touristique, et un pôle de compétitivité agropastoral »

0
Denis Emmilien Atangana. Crédit Photo: FDC

Dans l’histoire des victoires volées ou supposées du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) aux élections, celle de Denis Emmilien Atangana est incontestablement la première. Candidat à la Mairie de Monatélé en 2013, il ravit 40,690% des suffrages (contre 59,310% pour la tête de liste RDPC), et sollicite l’arbitrage du Président de la République face aux nombreuses irrégularités « qui ont permis au RDPC d’être déclaré vainqueur ». Sept ans plus tard, c’est un Denis Emmilien Atangana Différent qui se représente pour l’accession à la Mairie de Monatélé. Le jeune de 23 ans, un brin gringalet et plutôt novice en politique est devenu un homme rusé, avec une grande maîtrise de son électorat. Débarrassé de l’uniforme du MRC, c’est désormais sous la casquette du Font des Démocrates camerounais qu’il compte bousculer l’establishment. « Depuis que Monatélé a été créée en 1964, Monatélé a raté le train du développement. Le moment est venu de créer un nouveau départ dans notre arrondissement ». Comment ? En en faisant de Monatélé une destination touristique, et un pôle de compétitivité agropastoral. Dans cette interview, le candidat présente une partie de son projet de société. Notamment dans le secteur des transports, déterminant pour booster l’économie locale, principalement tirée par l’agriculture.

 

Pour vous rendre auprès de vos électeurs, vous avez besoin de moyens de locomotion. Dans une zone de campagne comme celle de Monatélé, quels sont les moyens que vous utilisez le plus ?

Nous utilisons trois moyens de transport. D’abord les voitures qui sont à notre disposition. Parmi lesquelles celles qui nous ont été confiées par certains de nos sympathisants et soutiens. Nous utilisons aussi des motos. Ici aussi, nous comptons certaines motos mises à notre disposition par des jeunes engagés à nos côtés dans le cadre de cette campagne électorale. Enfin, nous utilisons la marche à pieds. C’est un peu étonnant, mais nous marchons beaucoup. Par exemple, pour faire des rencontres de proximité au centre-ville, dans les boutiques et autres, nous n’avons pas besoin de véhicules, nous marchons à pieds. Nous marchons aussi à pieds pour distribuer nos dépliants, et pour les affiches.

Le ministère de l’Administration Territoriale a annoncé le déblocage d’une enveloppe d’1,7 milliards de FCFA pour financer les partis politiques engagés dans la campagne. Peut-on dire que cette enveloppe va vous permettre de résoudre les besoins d’argent liés aux déplacements ?

C’est trop dire, de dire que le MINAT finance le déploiement des partis politiques. C’est un mécanisme qui peut contribuer à faire que les populations qui sont au village, pensent que les partis politiques reçoivent de l’argent de l’Etat. Et, in fine, que ces différents candidats ne reversent pas cet argent aux populations pendant les meetings.

Ce que le MINAT met à la disposition des partis politiques ne représente même pas le 10e des charges que nous avons. Je prends le cas de Monatélé avec la liste du FDC. Nous avons pratiquement 73 villages à sillonner pendant les 14 jours. S’il faut calculer, en tenant compte du fait que nous avons six voitures, 13 motos, et que chaque moto nous prend pratiquement 3 000 FCFA par jour et que le déplacement de chaque voiture nous nécessite le carburant de 10 000 FCFA. Vous comprenez qu’on est déjà là, en dix jours, au-delà de 700 000 FCFA. Si on compte l’ensemble des 14 jours, on dépasserait les 1,5 millions de FCFA.

Or, la modeste contribution du MINAT à elle seule ne permet pas de couvrir cette ligne budgétaire. Si par ailleurs, il faut faire des affiches, le FDC a fait plus de 10 000 affiches. Ces affiches nous ont coûté plus d’un million. Ce que l’enveloppe du MINAT ne peut pas couvrir comme charge.

Nous avons aussi une poche de dépense, qui est la location de voitures. Une voiture louée par jour, coûte combien ? Il en est de même pour les motos. Nos calculs aujourd’hui, dans la seule ligne location des véhicules et motos, nous prendra plus de deux millions de FCFA pour les 14 jours. Ce qui ne représente rien par rapport à ce que le MINAT alloue aux candidats.

Je prendrai une troisième ligne. La communication, les appels téléphoniques et autres. Ce n’est pas à négliger. Je prends l’alimentation. C’est-à-dire l’eau pour l’équipe de campagne, les petits sandwichs, c’est énorme.

Je termine avec les dispositions particulières qu’il faut prendre. Non seulement pour la formation des membres qui vont nous représenter au sein des partis politiques. Il faut de l’argent. Le jour du vote, il faut louer des véhicules ou des motos pour les accompagner dans les bureaux de vote. Tout ceci a un coût qui ne saurait être considéré comme étant une prise en charge du MINAT.

Une fois de plus, j’insiste là-dessus. Ce que le MINAT fait ne saurait être considéré comme un financement, une prise en charge. Je dirai que c’est un petit dépannage. Un argent de poche que le MINAT accorde aux candidats, et qui ne représente pas, je le dis encore, le 10e de ce qu’on est censé dépenser.

Vous revenez presque sept ans plus tard à Monatélé solliciter les suffrages de vos électeurs après les élections controversées de 2013. Mais cette fois sous une autre casquette. Comment vous sentez-vous ? Quel est le niveau d’accueil de vos populations ?

Effectivement, en 2013 j’étais engagé avec le MRC. Aujourd’hui, je suis président d’un parti politique. Cela est un élément qui crée un peu d’engouement auprès de nos populations de Monatélé. Notre slogan étant : « Ensembles pour un nouveau départ ». C’est une façon aussi de dire aux populations de Monatélé que le parti est un nouveau parti. Que conscients du fait que si le Président Biya n’est plus là aujourd’hui, le RDPC mourra.

Le FDC est le parti auquel ils doivent adhérer pour un nouveau départ. L’autre chose est qu’en 2013, je n’avais pas assez de poids. Aujourd’hui, j’ai du poids. Ce sont des retrouvailles avec un enfant qu’on a connu, qu’on aime bien. La ferveur populaire permet d’avoir une chaleur exceptionnelle.

Les idées que nous apportons pour développer la ville de Monatélé, et pour créer la richesse, sont des idées qui touchent aux préoccupations majeures des populations. Du coup l’enthousiasme est assez fort, et assez grand. Je peux vous assurer que cette élection, on n’y va pas pour assister au contentieux pré-éléctoral. Nous sommes partis pour gagner à 80% contre le RDPC et contre le PAL.

Et je tiens à lancer un appel au Président de la République, à monsieur Paul Biya, pour qu’il demande à ses militants du RDPC d’arrêter d’intimider les militants du FDC. D’arrêter d’intimider les candidats du FDC. Et aussi, le 09 février, qu’il accepte purement et simplement le résultat et le verdict des urnes.

Parlons un peu de votre programme. Monatélé a beaucoup de problèmes d’infrastructures routières, d’aménagement urbain, d’écoulement des produits issus de l’agriculture qui, faut-il le rappeler, est la première activité économique de l’arrondissement. Qu’est-ce que vous proposez ?

Nous avons un projet communal. Nous avons une profession de foi qui résume en quelques points, les idées que nous avons développé dans notre projet de société communal. De façon simple, notre objectif est de faire de Monatélé une destination touristique, et un pôle de compétitivité agropastoral. En voulant faire de Monatélé une destination touristique, notre première mission sera d’élargir la ville, en déplaçant les gares routières pour les positionner au niveau des entrées et sorties de la ville. Cela permettra à la ville de s’élargir. Cela favorisera l’entrée des taxis dans la ville.

Quand nous promettons de faire de Monatélé une destination touristique, c’est aussi parce que nous sommes conscients que cette ville regorge de potentialités qu’il faut capitaliser. A l’exemple de la Sanaga. Les abords du fleuve nous permettront de faire un port et une plage de plaisance. Les îles que nous avons-nous permettront de développer des hôtels et des restaurants.

Quand nous promettons de faire de Monatélé un pôle de compétitivité agropastoral, c’est parce que nous allons mettre un accent particulier sur les champs communautaires. Nous allons créer des activités génératrices de revenus qui vont permettre aux jeunes de vivre, de se construire, et de fonder une famille décemment en restant à Monatélé.

Ce sont des idées fortes qui vont nous permettre de sortir Monatélé du retard. Parce que depuis que Monatélé a été créée en 1964, Monatélé a raté le train du développement. Le moment est venu de créer un nouveau départ dans notre arrondissement.

Lire aussi:

18/06/2019      Le relief montagneux de Dschang complique l’exécution des chantiers d’infrastructure routière (Baudelaire Donfack, Maire) 

21/05/2019      Ahmadou Elhadji Bouba: D’ici 2021, le réseau routier de la ville de Garoua sera l’un des plus beaux du Cameroun 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here