Pendant le Salon de l’Action Gouvernementale (SAGO), Jean Ernest Masséna Ngallè BIBEHE a présenté une analyse de l’impact du secteur des transports sur l’économie nationale. BOUGNA vous propose l’essentiel de sa déclaration au cours de cette conférence.
Monsieur le Ministre, le Salon de l’Action Gouvernementale a donné l’occasion aux entreprises et établissements publics du secteur des Transports de montrer les projets mis en œuvre et en cours de préparation. Le thème : « Développement des infrastructures de transport au Cameroun : Moteur de Croissance économique » a d’ailleurs meublé les travaux d’une conférence que vous avez présidée. Qu’est-ce qui justifie le choix de ce thème ?
Qu’il me soit tout d’abord permis d’adresser mes sincères encouragements au Promoteur du SAGO ainsi qu’à son équipe, pour les efforts qu’ils consentent à mettre en lumière le travail gouvernemental. Ce remarquable travail de marketing des biens et services publics est à féliciter. Le thème : « Développement des infrastructures de transport au Cameroun : Moteur de Croissance économique », a permis de mettre sous le feu des projecteurs, le Ministère des Transports, et toutes les organisations parapubliques et privées du secteur.
Qu’il s’agisse des routes, des voies ferrées, des ports et des aéroports, les infrastructures de transport jouent un rôle essentiel dans le développement économique d’un pays, parce qu’elles facilitent les échanges commerciaux, la mobilité des biens et des personnes, et améliorent l’accès aux services essentiels pour tous les citoyens. Le transport favorise l’intégration et la constitution des marchés élargis nécessaires au développement d’une économie moderne, entrainant une meilleure utilisation des facteurs de production.
Relativement à cette problématique, l’analyse des données statistiques a permis de mettre en évidence une causalité bidirectionnelle entre le secteur des transports et la croissance économique du Cameroun.
Pouvez-vous nous donner quelques chiffres permettant de mesurer cet impact sur l’économie nationale de manière générale ?
L’on a constaté qu’une hausse de 1% du trafic aérien marchandise se traduit, par une augmentation de la croissance économique de 0,084%. Une hausse de 1% du transport ferroviaire marchandise engendre une augmentation de la croissance économique de 0,093%. Une hausse de 1% du trafic maritime marchandise entraine une augmentation de la croissance économique de 0,036%. Une hausse de 1% du trafic routier des marchandises sur les corridors du Cameroun vers les autres pays de la CEMAC augmente la croissance économique de 0,032%.
La prévision à moyen terme (2021-2030) des variables de performance du secteur des transports et de la croissance économique indique en l’état actuel que le trafic aérien marchandise devrait passer de 16 249 de tonnes en 2020 à environ 30 000 de tonnes en 2030 ; le trafic ferroviaire marchandise devrait passer de 1,557 millions de tonnes en 2020 à 1,646 millions de tonnes en 2030 ; le trafic maritime marchandise devrait progresser d’environ 20,5 millions de tonnes en 2020 à près de 28,2 millions de tonnes en 2030 ; le trafic routier marchandise sur les corridors du Cameroun devrait passer de près de 1,7 millions de tonnes en 2020 à environ 2,3 millions de tonnes en 2030.
Ceci devrait engendrer une croissance économique en moyenne par an de l’ordre de 3,2% sur la période 2020-2030 et la contribution du secteur des transports au PIB devrait être d’environ 11%.
Face à ces chiffres, que peut faire le gouvernement pour les rendre effectifs sur le terrain ?
Pour atteindre ces objectifs, permettez-moi de rappeler que le Gouvernement camerounais a adopté depuis 2009, une Vision de développement à long terme, dont la deuxième phase d’opérationnalisation a pour cadre de référence la SND30. Cette nouvelle boussole préconise la transformation structurelle de l’économie, et s’appuie, entre autres, sur le développement des infrastructures productives, notamment les infrastructures de transport. En cohérence avec cette orientation stratégique, le Ministère des Transports s’est fixé comme objectif sectoriel d’accroitre, d’ici 2030, la mobilité des personnes, des biens, et de la logistique par un système de transport multimodal, en accordant une attention particulière aux projets intégrateurs.
L’élaboration des plans directeurs la réhabilitation et la construction de nouvelles infrastructures dans tous les domaines des transports font partie de cet objectif sectoriel.
Quels projets sont actuellement mis en œuvre, et qui méritent qu’on s’y attarde ?
S’agissant du domaine ferroviaire, plusieurs projets sont envisagés, notamment la réhabilitation des lignes Belabo-Ngaoundéré, Douala-Yaoundé, Kumba-Mamfé, le développement de nouvelles lignes Edéa-Kribi-Lolabé-Campo, Douala-Limbé-Idenau, Douala-Ngaoundéré, et Mbalam-Kribi.
Relativement au domaine aéroportuaire, le secteur de l’aviation civile étant dynamique, le Cameroun poursuit le processus de mise aux normes des aéroports internationaux, la modernisation des aéroports secondaires, ainsi que la restructuration de la compagnie aérienne nationale. En plus, il est envisagé de construire un aéroport de classe mondiale dans la zone littorale de notre pays.
Par ailleurs, plusieurs accords aériens internationaux lient le Cameroun aux différents Etats à travers le monde. De par sa position au cœur de l’Afrique, le Cameroun aspire à être une destination privilégiée des compagnies aériennes.
Dans le secteur maritime, portuaire et fluvial, en vue de rendre ses places portuaires plus attractives et compétitives, le Gouvernement s’emploie à réaliser des projets d’expansion et de modernisation des ports. Pour le port de Kribi, il s’agit de la finalisation de construction de la 2ème phase prévue en 2024 et du développement de la zone industrielle intégrée de Kribi. Pour le port de Douala, il est question de l’expansion dudit port par la construction d’un nouveau terminal d’exploitation d’une superficie de 42 hectares.
A côté de ces deux plateformes portuaires, les études relatives à la construction du port en eau profonde de Limbe sont en cours de réalisation.
Quel impact ces projets pourraient avoir sur l’économie nationale, une fois réalisés ?
De par sa position géographique, le Cameroun s’avère être une porte d’entrée et de sortie sur le monde au profit de la sous-région Afrique Centrale. Ses frontières partagées avec plusieurs pays d’Afrique centrale et de l’Ouest, offrent un accès privilégié aux marchés régionaux et internationaux. Grâce à ces atouts naturels, notre pays ambitionne d’être un carrefour, un pôle, une plaque tournante dans la sous-région.
Pour atteindre son plein potentiel en tant que hub régional en matière de logistique et de transport, le Gouvernement Camerounais ne ménage aucun effort en vue d’accentuer la dématérialisation des procédures et d’alléger les formalités administratives, afin de réduire les coûts et délais de transit. On peut penser en sus de cet avantage lié à sa situation géographique, les mesures de facilitation et la diversification de son économie, que l’objectif de croissance fixé par la SND30, pourrait être atteint à travers l’augmentation significative de l’offre de transport.
Ceci impliquerait plusieurs choses. Pour le trafic aérien des marchandises de passer de 16 249 de tonnes en 2020 à environ 147 523 de tonnes en 2030. Pour le trafic ferroviaire des marchandises de 1,557 millions de tonnes en 2020 à 8,231 millions de tonnes en 2030. Pour le trafic maritime des marchandises de 20,5 millions de tonnes en 2020 à près de 141 millions en 2030. Enfin pour le trafic routier des marchandises sur les corridors de 1,7 millions de tonnes en 2020 à environ 11,4 millions en 2030.