C’est désormais officiel. Après le MOU obtenu en mars dernier, le groupe ARISE IIP s’installe définitivement sur les berges de la Dibamba (périphérie Est de la ville de Douala). Ce 30 septembre, le Port Autonome de Douala (PAD) et le groupe panafricain ont signé un contrat de partenariat portant sur la conception, le financement, l’aménagement, la gestion et l’entretien d’une zone d’activités industrialo-portuaires sur les berges de la Dibamba. Cyrus NGO’O, le Directeur Général du Port Autonome de Douala, explique en détail l’importance du projet.
Vous venez de signer, avec le groupe ARISE IIP, la convention de partenariat pour la conception, le financement, l’aménagement et la gestion d’une zone d’activités industrialo-portuaires sur les berges de la Dibamba, à Missolè 1. Pourquoi s’étendre vers la Dibamba, alors que depuis quelques temps, des travaux sont engagés pour réaménager le Port de Douala-Bonabéri, et ainsi créer plus d’espaces dans cette plateforme ?
Le Port Autonome de Douala, en tant qu’entreprise publique, gère un vaste domaine portuaire desservi par un chenal d’accès de 50 km. La partie intérieure de ce chenal, longue de 25 km, fait l’objet d’un entretien régulier pour maintenir une profondeur adéquate et assurer sa navigabilité.
Ce domaine d’une superficie d’environ 1 000 hectares, constitue le principal levier d’action de l’autorité portuaire de Douala. Cependant, la quasi-totalité de cette surface est déjà exploitée, entraînant une saturation des terminaux portuaires.
Aujourd’hui, ce domaine accueille diverses activités logistiques et industrielles, dans des secteurs tels que la cimenterie, la minoterie, l’agro-industrie, la chimie et le pétrole. Malheureusement, ces industries font face à un manque d’espace, compromettant ainsi leurs possibilités d’expansion.
Avec ses installations actuelles, le Port de Douala traite près de 13 millions de tonnes de marchandises par an, transportées par plus de 3 000 navires, alors que ses infrastructures étaient initialement conçues pour un volume de 7,5 millions de tonnes.
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Les voies d’accès au port, tant par l’Est que par l’Ouest de Douala, souffrent d’une congestion routière chronique, exacerbée par l’intensité du trafic portuaire.
C’est pourquoi l’extension du port de Douala vers de nouvelles zones d’activité péri-portuaires s’impose comme une solution incontournable de désengorgement du site actuel, en réponse aux défis d’exploitation auxquels nous sommes confrontés. Vous comprenez donc que les capacités du port sont largement dépassées, limitant ainsi la promotion d’activités logistiques et industrielles en pleine croissance dans cet environnement portuaire.
Quand, et comment s’est développé le projet de la zone d’activités industrialo-portuaires de la Dibamba ?
Pour pallier cette situation, le Port Autonome de Douala a mis en place un ambitieux programme de modernisation et d’extension, articulé autour d’un schéma Directeur de Développement pour la période 2020-2050. Ce plan vise à accroître de manière significative les capacités structurelles du Port de Douala-Bonabéri et à optimiser ses performances opérationnelles.
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Ce programme a été conçu pour s’aligner sur la politique sectorielle du gouvernement, tout en restant cohérent avec la vision exprimée par Son Excellence Monsieur le Président de la République, lors de son discours à Douala le 06 octobre 2011, dans lequel il annonçait : « Nous envisageons l’aménagement d’une nouvelle zone logistique moderne intégrée autour du port et de l’aéroport, afin d’améliorer la compétitivité de la chaîne logistique et de permettre l’implantation de nouvelles activités dans des conditions optimales ».
C’est dans ce cadre que s’inscrit le projet d’aménagement d’une zone d’activités industrialo-portuaires sur les berges de la Dibamba, au lieu-dit Missolè 1, dans le département de la Sanaga-Maritime.
Ce projet structurant majeur ambitionne de créer un écosystème industriel et logistique intégré, réparti en trois composantes : une plateforme industrielle de 350 ha, une zone logistique multimodale de 100 ha, et une zone résidentielle de 50 ha.
Je tiens à exprimer, à cette occasion, toute ma gratitude aux hautes autorités de l’Etat, et particulièrement au Ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières (MINDCAF), pour avoir promptement répondu à la demande du Port Autonome de Douala, en signant l’arrêté n°05252/MINDCAF/SG/D1/D14/EBG du 15 mai 2024 déclarant d’utilité publique une parcelle de 500 ha à Missolè 1.
Vous insistez beaucoup sur la congestion du Port de Douala-Bonabéri. Quels autres avantages peut-on attendre de cette zone d’activités industrialo-portuaires ?
Le projet d’aménagement de la zone d’activités industrialo-portuaires à la Dibamba répond à des enjeux et défis multiples, qu’ils soient stratégiques, économiques, sociaux et logistiques.
Au plans stratégique et économique, ce projet s’inscrit directement dans les grands axes de la Stratégie Nationale de Développement du Cameroun à l’horizon 2030. La « SND30 » prône la transformation structurelle de notre économie, et encourage la substitution de nos importations par la production locale, grâce au développement d’industries et des services dédiés à la transformation de nos matières premières.
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Cette transformation décrite par la SND30 vise, d’une part, à réduire le déficit commercial chronique du Cameroun, en remplaçant certains produits importés par des biens fabriqués localement dans la zone industrielle, et d’autre part, à augmenter les exportations de produits à valeur ajoutée, également issus de ces industries locales.
Le projet ciblera neuf secteurs prioritaires identifiés par la SND30 pour la transformation locale des matières premières : l’agro-industrie, la filière forêts-bois, le textile, les mines, l’énergie, la construction, le numérique, la chimie et la pharmacie.
Au plan social, les effets bénéfiques de cette transformation structurelle sont évidents. Le projet contribuera au développement du capital humain et au bien-être des citoyens, tout en favorisant la promotion de l’emploi et l’insertion professionnelle, indispensables à la stabilité et à la paix sociale. La transformation locale du coton, du bois, du cacao, de la bauxite et du fer aura un impact significatif sur les régions où le chômage des jeunes alimente des crises sécuritaires.
A terme, la zone industrialo-portuaire de la Dibamba pourrait générer environ 15 000 emplois directs. De plus, l’expansion des terres agricoles nécessaires pour fournir des intrants à la zone industrielle pourrait créer environ 500 000 emplois directs et indirects.
Au plan logistique, l’emplacement choisi à dessein pour le projet facilitera la création d’un écosystème industriel intégré et d’un hub logistique multimodal, interconnectés par voie fluviale au Port de Douala-Bonabéri et aux principaux corridors transnationaux, ainsi que par des réseaux routiers et ferroviaires. Cela apportera une solution efficace à la congestion chronique de l’accès Est de Douala, en allégeant la circulation de plusieurs centaines de camions par jour, grâce à ce transfert modal vers la voie fluviale.
Pour de nombreux camerounais Lambda, le groupe ARISE reste inconnu. Comment pouvez-vous présenter cette entreprise qui vient de s’arracher cet important projet ?
L’ambition qui entoure ce projet structurant n’est pas qu’une simple idée. Les visites effectuées sur les sites d’opérations du groupe ARISE, notre partenaire stratégique, ont démontré que ce groupe s’étend progressivement à travers plusieurs pays africains, dans divers secteurs, suivant un modèle d’affaires centré sur la création de chaînes de valeurs pour la transformation locale des matières premières.
La vision du groupe ARISE, telle que nous l’avons perçue, est claire. Il est question de contribuer au développement du potentiel industriel de l’Afrique. Cette vision s’aligne parfaitement avec nos propres ambitions de faire évoluer notre continent, en le faisant passer du statut de fournisseur mondial de matières premières non-transformées, à celui de puissance manufacturière internationale.
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Le Président Directeur Général du Groupe ARISE s’illustrerait certainement mieux que moi, cette vision se traduit aujourd’hui par des investissements massifs réalisés dans plusieurs pays africains, notamment au Gabon, au Togo, au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Congo, en République démocratique du Congo, au Rwanda, en Sierra Leone, au Nigéria et au Tchad.
C’est pourquoi je me réjouis de l’aboutissement des négociations contractuelles qui nous ont permis de procéder à la signature de cette convention de partenariat.
Il y a 13 ans, jours pour jours, le Président de la République annonçait le lancement de ce projet. Anticipant sur le développement du pays, il avait impulsé la stratégie nationale de développement, qui est aujourd’hui à sa deuxième phase. Comment comptez-vous faire pour que le projet de la Dibamba s’imbrique à cette nouvelle feuille de route pour la période 2020-2030 ?
Les différents projets entrepris au Port Autonome de Douala s’alignent parfaitement avec les instruments stratégiques qui guident les réformes structurelles du Port à court, moyen et long terme. Ces initiatives visent à transformer le Port de Douala-Bonabéri en une plateforme logistique et industrielle performante, attractive et compétitive, véritable catalyseur du développement des affaires et de la croissance économique de notre pays.
Ceci me donne l’occasion d’inviter les investisseurs et tous ceux qui en ont la capacité, à se joindre à nous pour construire ensemble le Port de Douala-Bonabéri. Je puis les rassurer que leurs investissements seront non seulement rentables, mais également sécurisés, car le secteur portuaire représente une opportunité d’investissement solide.
Je profite une fois de plus de cette occasion pour exprimer ma profonde gratitude à monsieur GAGAN GUPTA, Président Directeur Général du groupe ARISE pour la confiance qu’il a témoignée au Port Autonome de Douala, en s’engageant à réaliser d’importants investissements logistiques et industriels sur le domaine public portuaire placé sous notre autorité.