Sur l’axe Carrefour Meec – Nkolbisson, le coût du transport sur ces engins à deux roues grimpe en fonction des horaires. Ce qui est très souvent à l’origine de mésententes entre conducteurs et passagers. Rencontrés, ce 14 janvier 2025, ils s’expriment sur ce phénomène.
« 250 Nkolbisson dans 500 », propose Stéphane à un conducteur de moto taxi. Habituellement, pour ce tronçon long de seulement 3,8 km, l’offre du client est intéressante. Mais cette fois, la proposition rejetée d’un geste de la tête par le transporteur.
Il est 17h 30 ce lundi au lieu-dit Carrefour MEEC (Mission de l’Eglise Evangélique du Cameroun), dans le 7e arrondissement de Yaoundé. A cette heure, les conducteurs de moto taxi entament leur « vente aux enchères ». Une expression qui signifie qu’ils sont à la quête du plus offrant. « C’est l’heure de pointe. Tout le monde veut rentrer chez soi. Donc ils augmentent les prix », indique un usager, qui ne perd pas l’espoir de voir sa proposition « acceptée » par un moto-taximan.
L’offre et la demande
Principal point de convergence des populations venant de la Cité Verte, Mokolo et Melen, le Carrefour MEEC draine une marée humaine tous les soirs et tous les matins. Élèves, travailleurs et étudiants, n’ont qu’une seule idée en tête : rejoindre leurs domiciles et ce, peu importe le prix.
« Actuellement je suis très pressée. Tout ce que je veux, c’est renter au plus vite chez moi pour faire mes devoirs » confie Prisca N., étudiante en publicité à l’Esstic (Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication). Léopold Atangana, fonctionnaire, croit savoir ce qui est à l’origine de ces tensions inflationnistes entretenues par les conducteurs de moto-taxis. « La route est trop étroite. Les voitures bouchent la voie, du coup, la priorité est donc donnée aux motos, car elles se faufilent facilement » conclut-il.
Il n’y a pas assez d’argent
Du coup, certains usagers préfèrent attendre que l’affluence diminue, avant de proposer le tarif normal. Ou alors trouver une solution alternative. « Je ne suis pas prête à payer le double. Je paye le tarif normal, même s’il faut attendre. Si je ne trouve pas de preneur, je marche à pied pour diminuer le trajet car le dehors est dur » lâche une mère de famille, restée sous anonymat. « J’ai tout mon temps. Il n’y a pas assez d’argent. Si au moins on me payait normalement où je travaille, je pouvais augmenter. Mais le salaire est bas, je ne peux donc rien » déplore Arcel Tchapnda, l’air serein.
Une majoration qui varie selon la journée
Accusés de faire de la surenchère sur les prix du transport aux heures de pointe, les moto-taximen se défendent. Pour eux, ces hausses leur permettent d’équilibrer la recette journalière. Notamment les revenus perdus durant la journée, considérée comme la période morte. « En journée c’est un peu difficile, et le seul moyen pour nous rattraper c’est d’augmenter les prix », explique par exemple Ali, assis sur son engin. « Quand la journée est bonne, je porte au prix normal. Si c’est mauvais, je me rattrape en soirée », ajoute-t-il.
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Enfin, certains conducteurs de moto taxi procèdent à ces hausses, en raison de l’augmentation du carburant à la pompe. Début janvier 2024 en effet, une revalorisation de 100 FCFA a été appliquée sur les prix du carburant à la pompe. Cette augmentation a fait gonfler les prix du transport de 12% sur les 12 derniers mois, indique l’Institut National de la Statistique (INS) dans sa note sur les prix à la consommation finale des ménages rendue publique ce mois de janvier. Du coup, raisonne un moto-taximan, « si on continue à porter comme si le prix du carburant était le même, c’est nous qui perdons ».
Faustin AMBASSA