Isidore Kahe FEUKOU : « contre les accidents de la circulation, la formation et la sensibilisation à la sécurité routière sont fondamentales »

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Isidore Kahe Feukou Président Pyramide Prévention. Crédit Photo: bougna.net

Plusieurs cas d’accidents de la circulation survenus sur les RN3, RN4 et RN5 ainsi que sur les routes urbaines ont coûté la vie à une centaine de personnes et ont causé des centaines de traumatismes entre janvier et février 2022. Si les usagers de la route doivent faire preuve de prudence chaque fois qu’ils circulent le long du réseau routier camerounais, ceux-ci doivent faire d’autant plus attention lorsqu’ils sortent de nuit.

Qu’ils soient conducteurs de bus de transport en commun, conducteurs de véhicules de transport de marchandises, conducteurs de véhicules de tourisme, conducteurs de motos ou usagers vulnérables, tous doivent redoubler de prudence lorsqu’ils circulent à la nuit tombée, s’ils ne veulent pas rejoindre les statistiques déjà trop importantes des usagers de la route ayant perdu la vie suite à la suite d’un accident de la route survenu de nuit.

Les accidents de la route de nuit impliquant des automobilistes

D’après les dernières informations sur les accidents qui se sont déroulés en fin d’année 2020 et en début d’année 2021, la circulation de nuit est particulièrement dangereuse pour les automobilistes. Alors qu’elle ne représente qu’environ 19% du trafic routier, ce ne sont pas moins de 64% des automobilistes, selon une source de la gendarmerie nationale en 2015, environ 54% des accidents ont lieu la nuit. Ces accidents de la route se produisent entre minuit et 5 h du matin.

Si ces chiffres sont aussi alarmants, c’est notamment parce qu’un certain nombre de facteurs viennent généralement aggraver les conséquences des accidents de la route de nuit. Ainsi, les agents des forces de l’ordre constatent généralement une augmentation de l’absence de port de la ceinture de sécurité. D’autres facteurs viennent encore aggraver ces statistiques, comme la consommation d’alcool ou de produits stupéfiants, la fatigue et la somnolence; des facteurs liés au conducteur (âge, sexe, niveau d’alcoolémie, nombre de personnes présentes à bord du véhicule); des facteurs liés à l’état de la route et du véhicule (configuration de la route, qualité du revêtement, puissance du véhicule, vitesse maximale de celui-ci); des facteurs liés au trafic et à l’environnement (densité et composition du trafic, vitesse moyenne des véhicules, et conditions climatiques). Tous, des facteurs qui sont décelés dans certains cas d’accidents de la route mortels de nuit.

Il faut également noter que la plupart des conducteurs ont un problème de vue, lancé en Avril 2017, par le ministère des transports, la campagne « AU VOLANT, LA VUE  C’EST LA VIE  » avait démontré que 90% des conducteurs au Cameroun ont des problèmes de vue. Or il faut savoir que 90% des informations nécessaires à la conduite passent par la vue.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), il a été démontré que la vitesse était un facteur de risque capital dans les accidents de la circulation et qu’elle avait une influence à la fois sur le risque d’accident et sur la gravité des traumatismes occasionnés.

L’excès de vitesse est défini comme un dépassement de la vitesse maximale autorisée, tandis qu’une vitesse inadaptée s’entend d’une vitesse qui n’est pas adaptée à l’état de la route et aux conditions de circulation. Les vitesses excessives et inadaptées sont responsables d’un fort pourcentage d’accidents graves ou mortels. Dans les pays à haut revenu, la vitesse contribue à hauteur d’environ 30% au nombre de morts sur la route, tandis que dans certains pays à revenu faible ou intermédiaire, on estime qu’elle est le principal facteur incriminé dans près de la moitié des accidents de la circulation.

La régulation de la vitesse des véhicules peut empêcher la survenue d’accidents et réduire les conséquences de ceux-ci lorsqu’ils se produisent, en diminuant la gravité des traumatismes subis par les victimes.

Au Cameroun, la réhabilitation de la RN4 Yaoundé-Bafoussam a enregistré un taux élevé des accidents de la circulation, l’excès de vitesse serait l’une des causes dues à la nouvelle chaussée.

L’absence du dispositif de sécurité aux abords des autobus et autres types de véhicules sont d’autres facteurs aggravants. Ainsi donc, le port de la ceinture de sécurité réduit de moitié les risques d’être tué ou gravement blessé dans un accident.

En 2016, le Canada avait célébré le quarantième anniversaire de l’entrée en vigueur de cette loi importante pour la ceinture de sécurité dans les voitures. L’article 106 du code de la route Canadien à l’alinéa 1 dispose que : « Nul ne doit conduire sur une voie publique un véhicule automobile dans lequel la ceinture de sécurité exigée en vertu de la Loi sur la sécurité des véhicules automobiles au moment où le véhicule a été fabriqué ou importé au Canada a été enlevée, rendue en tout ou en partie inutilisable ou modifiée de sorte que son efficacité en est diminuée, ou ne fonctionne pas normalement en raison d’un manque d’entretien ».

La même loi exige à tous les passagers d’être attachés par une ceinture de sécurité et, ainsi, oblige le conducteur à s’assurer que les jeunes de moins de 16 ans, dont la taille est inférieure à 135 cm, doivent être transportés dans un dispositif de retenue pour enfants qui leur est adapté.

En zone CEMAC, notamment au Cameroun, L’article 51 du Code de la route communautaire CEMAC sur la Ceinture de sécurité prévoit que :

1) A l’exception des motocycles, tout véhicule à moteur ayant un poids maximal autorisé inférieur à 3.500 kg et comportant au maximum huit places assises outre le siège du conducteur, doit être équipé aux places avant, de ceintures de sécurité à enrouler automatiquement et à trois points d’ancrage.

2) L’installation de ceintures abdominales à deux points d’ancrage non rétractables et à réglage manuel est autorisée dans les cas suivants :

– la place avant centrale du véhicule comportant trois places assises ;

– les places avant du véhicule dont la carrosserie ne permet pas l’installation, sur montant latéral, de ceintures à trois points d’ancrage.

3) Le conducteur et les passagers avant des véhicules visés à l’alinéa 1 doivent attacher leur ceinture de sécurité en tout temps et en tout lieu.

Pour assurer au mieux le transport des personnes par autobus ou tous autres types de véhicules, le CHAPITRE III : DISPOSITIONS SPECIALES APPLICABLES AUX

VEHICULES TRANSPORTANT LES PASSAGERS en ses articles 66 à 70 du code communautaire CEMAC doit être réaménagé pour assurer la sécurité des personnes et des biens.

La formation et la sensibilisation à la sécurité routière est donc fondamentale, car la méconnaissance du véhicule ou même des effets liés à la vitesse, à la fatigue, à la somnolence et aux effets de l’alcool augmentent fortement le risque d’accident sur l’ensemble de nos routes en ville comme sur les Routes Nationales.

Ces formations permettront aux usagers  d’identifier rapidement les sources de risques d’accidents tant sur l’aspect physiologique que mécanique. Ils apprendront ou recevront les mesures de prévention à appliquer pour garantir leur sécurité et celle des autres usagers de la route. Car il ne suffit pas de respecter le code de la route pour se conformer à l’ensemble des normes assurant une sécurité routière maximale. D’autres règles sont à connaître pour circuler tranquillement, concernant l’équipement de la voiture ou une réglementation spécifique dans certaines situations. Un seul objectif : limité le plus possible les risques d’accident.

 

KAHE FEUKOU Isidore

Président Exécutif de PYRAMIDE PREVENTION

Consultant en Sécurité Routière

feukou@pyramide-prevention.org

 

 

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