Faustin DINGANA (Directeur RTC) : « Notre bilan en six mois n’est pas élogieux. Mais nous avons accompli notre mission »

0
Faustin DINGANA Directeur délégué RTC. Crédit Photo: bougna.net

Quel bilan faites-vous des six mois d’activité de la Régie déléguée du Terminal à Conteneurs du Port de Douala-Bonabéri ?

La RTC a démarré avec beaucoup de doutes. Mais le doute ne résidait que dans l’esprit de ceux qui ne croyaient pas en l’efficacité, en l’expertise camerounaise. Le doute n’était pas dans notre esprit. Nous savions très bien que la mission qui nous était confiée allait être efficacement remplie. EN termes de bilan le bilan est positif.

Pouvez-vous nous donner quelques chiffres ?

En six mois, nous avons opéré sur nos quais, 160 navires. L’an dernier, à titre comparatif, l’opérateur qui était sur le Terminal en avait opéré 168. Nous avons pu décharger et embarquer à bord de ces navires 173 000 TEUS. C’est-à-dire l’équivalent 20 pieds.

Je voudrai vous dire que ça s’est fait dans un contexte particulier que vous connaissez très bien. L’an dernier, dans un contexte favorable, l’opérateur avait fait 183 000 TEUS. Toute chose égale par ailleurs, vous constaterez que nous avons fait très bien au cours de cet exercice.

A lire sur bougna.net

Cameroun : En six mois, la RTC a réalisé un Chiffre d’affaires de 23,982 milliards de FCFA

Nous pouvons aussi vous dire que nous avons livré aux chargeurs camerounais 58 808 conteneurs. L’an dernier, l’opérateur en avait livré 57 000. Ce n’est pas élogieux, mais nous avons rempli notre mission.

L’une des raisons du départ de l’ancien opérateur que vous citez abondamment c’est la volonté, pour le PAD de maximiser les revenus, notamment financier sur son Terminal à conteneurs. La RTC que vous dirigez a-t-elle répondu à ce besoin ? Avez-vous rempli votre cahier de charges ?

Nous avons entièrement rempli notre cahier de charges. Nous avons accompli l’objet social pour lequel la RTC avait été créée. A savoir reprendre l’exploitation et la maintenance, la gestion du Terminal à conteneurs. Nous avons encaissé les recettes de notre exploitation. Il faut mettre en face le volume du travail que nous avons fait, mettez en face le coût de ce travail, vous mettez en face le prix qu’a payé l’opérateur aux chargeurs camerounais, vous avez le chiffre d’affaires que nous avons réalisé.

A lire aussi sur bougna.net

Cyrus Ngo’o : « On a annoncé que ça ne sera pas possible. Je peux vous certifier que les choses se passent bien »

Nous avons réalisé environ 25 milliards de FCFA de chiffre d’affaires. Sauf que sur les 25 milliards de FCFA, nous avons ristourné à l’économie nationale 1,600 milliard environ en termes de baisse de tarifs. C’est-à-dire que le Port Autonome, propriétaire du Terminal à conteneurs, a demandé à l’opérateur du terminal en régie de mettre en application, dès le 1er janvier, une instruction du gouvernement qui consistait à baisser le coût du passage.

Le Port Autonome, dans conseil d’administration, a pris une résolution instruisant une baisse de 10% sur les opérations de manutention terre sur le Terminal à conteneurs. Juste pour rappeler, la manutention terre représente à peu près 70% de ses revenus.

A lire aussi sur bougna.net

Cameroun : Régie du Terminal à Conteneurs (RTC) applique une réduction de 10% sur ses tarifs

Cette baisse a permis au Terminal à conteneurs de ristourner aux chargeurs camerounais la bonne productivité du terminal. On a retourné à l’économie 1,6 milliards de ce qui revenait à l’époque à l’opérateur. Donc nous avons permis à notre économie de garder à l’intérieur de notre pays cet argent. Quand vous enlevez, sur les 25 milliards cette enveloppe, vous constatez que la RTC a gardé dans ses comptes 23,982 milliards en termes de chiffre d’affaires réalisé.

Cet argent a permis de remplir au plan financier toutes les attentes. Principalement, de payer au PAD des redevances (fixes et variables). Nous avons payé au PAD un montant de 6 milliards de FCFA en termes de redevance. Et si vous voulez faire une comparaison, nous en avons payé plus d’1 milliard de plus que ce que l’ancien opérateur ne payait en un an. Nous avons payé en six mois, plus de 2 milliards de FCFA d’impôts à l’Etat.

Cette performance, à vous écouter, semble avoir été réalisée facilement. Pourtant on sait que les premiers jours de la RTC sur le Port de Douala-Bonabéri furent difficiles…

Effectivement, le démarrage était extrêmement difficile. Nous avons fait face à une adversité incompréhensible. Vous venez de rappeler le contexte. Les difficultés étaient énormes, notamment au niveau des équipements.

Sauf que nous avons mis en place des mesures d’adaptabilité. Nous avons optimisé notre gestion. Nous avons optimisé notre stratégie. Nous avons pu traverser les écueils. Principalement le dénigrement. Puisqu’il y en a eu un petit peu. Le doute qu’il y avait dans l’esprit de certains clients au démarrage. Nous avons eu pratiquement zéro client à notre quai. Il y avait beaucoup de navires qui attendaient à la bouée de base pour voir si on sera capables. Mais ce doute s’est très rapidement dissipé.

Nous sommes partis au mois de janvier avec 25 navires, pour monter à 32 navires en février. Vous voyez que nous avons tout fait pour assurer, pour donner confiance à nos clients. Aujourd’hui, le bilan que nous présentons est un bilan très positif. Nous avons rempli notre mission.

Il vous reste six mois avant la fin de cette année de concession. Comment envisagez-vous cette période ?

Avez beaucoup d’optimisme. Mais teintée d’un peu de crainte. Vous avez le Coronavirus qui ne s’annonce pas, et qui a un impact direct sur l’économie. Nous ne sommes que des opérateurs d’interface entre le pays et l’étranger. Si l’économie nationale et l’économie internationale sont touchées comme cela a été le cas les mois passés par la COVID et que la reprise n’est pas là, nos activités vont en pâtir également. Donc nous avons l’incertitude sur l’économie mondiale et l’économie nationale. Mais jusqu’à présent, nous ne ressentons pas encore tous ces chocs.

L’autre difficulté pourrait résider sur l’état de nos équipements. Nous ne cessons d’en parler. C’est l’une de nos grosses craintes. Allons-nous continuer avec les équipements qui sont dans un état vétuste ? Serons-nous capables de les entretenir ? Parce que pendant les six premiers mois, grâce à l’ingéniosité de nos techniciens, à l’optimisation de leurs approches, à la ténacité de leurs actions, à la rapidité de leurs interventions, ils ont pu maintenir un taux de disponibilité opérationnel de ces équipements suffisamment élevé pour donner satisfaction à l’exploitation et à nos clients.

Est-ce que cela va se poursuivre ?

Quand on a des équipements qui ne devraient plus opérer dans un terminal. Parce qu’au compteur, vous avez, pour certains équipements, plus de 55 000 heures de travail. Ce qui est énorme. Le moins que vous avez c’est 35 000 heures de travail. Mais face à cette difficulté, nous avons des solutions que nous allons mettre en œuvre. C’est pour cela, pour conclure, que je vous dis que la difficulté pour laquelle nous n’avons pas de solution, c’est celle qui est incertaine, c’est celle du Coronavirus. Toutes les autres, nous avons des solutions qui seront mises en œuvre pour pouvoir poursuivre l’activité. Nous sommes sereins. Nous irons jusqu’au bout si les phénomènes non-prévisibles ne viennent perturber le planning que nous avons mis en place.

Interview réalisée par Frégist Bertrand TCHOUTA

 

Lire aussi :

29/07/2020      Terminal à conteneurs du Port de Douala-Bonabéri : Pourquoi le PAD n’avait pas d’autre choix que de prolonger le bail de la RTC 

14/01/2020      Cameroun : Entre le 02 janvier et le 12 janvier 2020, RTC a déchargé et chargé un total de 4806 conteneurs (PAD) 

09/01/2020      Port de Douala-Bonabéri : RTC a manutentionné 1000 conteneurs en une semaine (PAD) 

25/07/2020      Martin ADEPI (DEX RTC) : Pour réaliser les excellentes performances de ce premier semestre, la RTC a adopté plusieurs stratégies 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here