Abdoulaye Balde : « Au Cameroun, le PAM dépense environ 30 millions de dollars notamment dans le transport et la manutention des vivres »

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Lorsqu’on parle du Programme alimentaire mondial (PAM), l’image qui revient dans tous les esprits c’est le sac de riz, le sac de sucre, et le sac de farine, en face de personnes dites vulnérables. Ce qu’on ne sait peut-être pas c’est que pour mener à bien sa mission d’assistance alimentaire aux familles vulnérables, le PAM fait fonctionner un impressionnant système de logistique. Camions pour le transport des vivres, manutention des denrées arrivées au Port, et leur acheminement dans les zones généralement désenclavées font vivre de nombreuses entreprises privées dans les villes de Douala, et dans les zones où sont installées les populations cibles. Abdoulaye Baldé, le Directeur du bureau pays, et représentant du PAM au Cameroun, que bougna.net a pris en « auto-stop » estime qu’à lui-seul, le Programme alimentaire mondial représente 1% du volume des transactions du Port autonome de Douala (PAD). Comment fonctionne cette logistique, où le PAM prend-il les véhicules utilisés pour le transport des denrées, combien le PAM dépense-t-il tous les ans dans le transport ? Voilà quelques-unes des questions auxquels il a bien voulu apporter des réponses.

 

Quelle est la situation humanitaire au Cameroun à l’heure actuelle ?

La situation humanitaire, notamment à l’Extrême-Nord, est caractérisée par la présence d’environ 100 000 réfugiés nigérians, et 200 000 déplacés camerounais. Bien sûr, quand quelqu’un se déplace, il est sur l’habitant. Donc les populations hôtes, comme on les appelle, sont aussi appauvries. C’est plus ou moins la même chose à l’Est. Quand nous parlons de l’Est, ce n’est pas la région. C’est toute la partie Est du Cameroun, où nous avons des réfugiés centrafricains qui sont arrivés et c’est plus ou moins 250 000 personnes. 30% sont dans des camps aménagés, et les autres sont dans la nature, chez les populations.

A cela s’ajoutent plus ou moins 200 000 personnes dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, qu’on ne sait pas exactement où les trouver pour le moment. On savait qu’il y avait des gens dans les champs, mais on se rend compte qu’il y en a à Dschang, à Douala, à Bafoussam. Nous faisons tous les efforts possibles pour les localiser, les identifier en collaboration avec les autorités, les communautés, la société civile pour pouvoir les appuyer. Si vous voyez, l’ensemble des Nations Unies ou les partenaires humanitaires, on se dit qu’il y a environ au Cameroun, presque 4 millions de personnes en degré de vulnérabilité.

 

L’un des aspects sur lesquels on ne parle pas beaucoup mais qui est déterminant pour votre mobilisation sur le terrain c’est le parc automobile. Aujourd’hui, beaucoup de zone où vous devez intervenir sont enclavées. Comment s’organise le PAM pour garder le contact avec ces zones qui, parfois sont très peu accessibles ?

L’inaccessibilité des gens n’est pas nécessairement physique. C’est plutôt dû à l’insécurité. Le PAM n’a pas un parc automobile dans le sens transporteur qui est géré par le PAM. Nous avons comme fonction de développer le secteur privé. Toutes nos activités de transport sont contractés avec des entreprises publiques de transport. Ça va du port aux rails, en passant par les camions. La particularité du Cameroun c’est que nous gérons le quotidien du PAM au Port autonome de Douala. Le PAM représente 1% du volume des transactions du Port de Douala. Si je ne m’abuse, le PAD c’est environ 1,5 million de tonnes par an. Le PAM apporte entre 120 000 et 130 000 tonnes annuelles qui sont réparties entre les pays comme la Centrafrique, le Tchad, quelques fois jusqu’au Congo-Brazzaville, et une partie au Nigéria.

Nous pouvons trouver les moyens d’arriver, mais il faut tenir compte de la sécurité de la route, la sécurité des gens qui vont recevoir. Tout ceci est fait de façon très méticuleuse, pour ne pas mettre en danger la vie des personnes innocentes.

Ça vous coûte beaucoup, les activités de transport, ou de logistique de manière globale, pour pouvoir acheminer les denrées du Port vers les zones où se trouvent les cibles ?

Si je ne m’abuse, la dernière fois que j’ai regardé c’est environ autour de 30 millions de dollars (environ 16,739 milliards de FCFA Ndlr) qui sont injectés dans l’économie de la région, notamment du Cameroun par année, notamment du Cameroun par le PAM. Ceci englobe le transport, de magasin, de manutention. Puisque les vivres sont visibles, le PAM fait fonctionner le millier de personnes qui ont de l’emploi. En plus des magasins que nous louons au secteur privé camerounais, en plus des camions, et même en termes d’achats que nous faisons localement en vivres dans les zones du Nord, de l’Extrême-Nord, et l’Adamaoua, où ils ont des céréales, du Maïs, du Sorgho, du riz que nous achetons quelques fois. Il y a un impact énorme de ce que fait le PAM au Cameroun. Ce n’est pas souvent visible, parce que ce n’est pas dans les écrans. Mais c’est dans le circuit économique que beaucoup de gens ne voient pas.

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