Lors de la défense de son projet de performance pour le compte de l’exercice 2024 devant les membres de la Commission des Finances et du Budget de l’Assemblée Nationale, Emmanuel Nganou Djoumessi a présenté un bilan « satisfaisant » de l’année 2023 qui s’achève.
Selon l’ingénieur de l’Etat, « le bilan technique révèle que 790,14 kilomètres de routes construites ou reconstruites seront réceptionnées au 31 décembre 2023. Il resterait pour quelques-unes, des prestations résiduelles portant sur les accotements, la signalisation et quelques travaux connexes ».
Si ces projets sont réalisés, Emmanuel Nganou Djoumessi dépasserait alors les objectifs (construire 700 kilomètres de routes) fixés par Paul BIYA, le Président de la République, pour l’exercice en cours.
Le linéaire du réseau routier bitumé augmenterait. Passant de 9885,18 km en 2022 à 10 553,78 km en fin 2023 (+6,33%). Un morceau de caillou restera cependant dans les bottes du MINTP. Les réalisations de 2023 n’atteindront pas les objectifs fixés dans la Stratégie Nationale de Développement (SND30). Pour rappel, sur le premier triennat 2020-2023, il était prévu de livrer 2 400 km de nouvelles routes bitumées. Seulement 2 000 kilomètres seront réalisées.
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Après 2019, 2020, 2021 et 2022 (la densité du réseau bitumé pour 1000 habitants était par exemple passsée de 0,31 en 2019 à 0,34 en 2020), le département ministériel confié à Emmanuel Nganou Djoumessi réussit à gérer la privées, qui devront sans doute (pour beaucoup) terminer l’année sans être entièrement payées pour les prestations réalisées.
Selon nos informations, au 30 novembre 2023, les ressources internes du BIP à gestion centrale d’une dotation de 165,2 milliards étaient presqu’entièrement consommées (99,8%).
Manque d’argent
Pourtant, le volume des décomptes produits par les entreprises en travaux et les missions de contrôle, ne pouvant être engagé du fait de l’épuisement des crédits budgétaires se chiffrait au 20 novembre 2023 à 102 milliards de FCFA. Dont 37 milliards de FCFA au titre des travaux complémentaires de l’autoroute Yaoundé-Douala (phase 1).
« Plusieurs projets sont ainsi exécutés, sans paiements conséquents, du fait du tassement des ressources internes ordinaires, couplé à leur diminution lors des différents collectifs budgétaires », reconnaissait d’ailleurs Emmanuel Nganou Djoumessi lors de son passage devant la Commission des Finances et du budget de l’Assemblée Nationale.
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Au sein de son département ministériel, des sources généralement bien informées font savoir que les décomptes impayés ne sont pas les seules contraintes financières rencontrées. « L’environnement financier global est très contraignant, ce qui entraîne l’augmentation du coût des projets et le différemment des effets induits (amélioration des conditions de vie par l’exécution du PGES) », explique-t-on.
« Il y a aussi les contraintes liées au Programme Economique et Financier avec la Communauté financière internationale. Ceci, à travers le plafonnement des décaissements extérieurs, qui entraîne l’allongement des délais d’exécution et la non-atteinte des impacts escomptés », ajoute une autre source.
Solutions
Comme solution à cette situation d’endettement, le ministre avait proposé un « relèvement du niveau des ressources internes ordinaires, figées à 58 milliards de FCFA jusqu’en 2023 ».
ça tombe bien. Dans le projet de Loi de Finances validé par les deux chambres du parlement et posé sur la table de Paul BIYA, il est justement prévu une revalorisation de ces ressources internes ordinaires. Elles devraient être de 96,52 milliards de FCFA, soit une hausse de 38,52 milliards de FCFA (+39,90%).
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Mais Nganou Djoumessi ne devrait pas en jubiler pour autant. Pour 2024, les objectifs seront revus à la hausse. Des 700 km prévus en 2023, il devra faire plus, 869,85 km de nouvelles routes bitumées en 2024. Soit 169,85 kilomètres de plus que l’année en cours.
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