Rencontré à la base aérienne 101 de Yaoundé en marge de la cérémonie de célébration de la Journée Internationale de la Douane, FONGOD Edwin NUVAGA analyse le contexte dans lequel s’est exécutée l’activité douanière en 2023.
Les activités marquant la célébration de la Journée Internationale de la Douane se sont clôturées ce vendredi, par une cérémonie haut en couleur à la base aérienne. Quelle est l’importance de cette activité pour l’administration que vous avez la charge de diriger ?
Je voudrai, avant de commencer, remercier spécialement Monsieur Louis Paul MOTAZE, Ministre des Finances, pour avoir accepté de présider personnellement les manifestations majeures inscrites dans l’agenda de célébration de la Journée Internationale de la Douane de cette année.
Je le remercie également d’avoir présidé la cérémonie de lancement des activités à Bamenda, couplée à la cérémonie de pose de la première pierre du projet de construction du nouveau siège du Secteur des Douanes à Bamenda.
Je n’oublie pas de rappeler que Monsieur le Ministre des Finances a présidé la cérémonie de signature des protocoles d’accord de collaboration avec les Communes de Bourha, Fotokol, Kolofata et MORA dans la Région de l’Extrême-Nord, en marge du lancement du budget de l’Etat et des autres entités publiques pour l’Exercice 2024.
Pour revenir à votre question, la Journée Internationale de la Douane est l’instant choisi par l’administration douanière pour communiquer sur le bilan de ses activités au cours de l’exercice écoulé, mais aussi pour mettre en relief ses initiatives en lien avec le thème arrêté par l’Organisation Mondiale des Douanes pour l’année en cours.
Parlant justement du bilan. Nos informations font savoir qu’au cours de l’année 2023, les recettes douanières ont progressé, malgré un contexte particulièrement complexe. Quelles explications pouvez-vous donner ?
Comme vous le dites si bien, l’année 2023 a été particulièrement marquée par un contexte international et national fait d’incertitudes et d’incidences négatives. En dépit de cette conjoncture défavorable, la Direction Générale des Douanes a pu compter sur ses partenaires historiques et nouveaux pour atteindre ses objectifs identifiés sur trois strates. A savoir: accroître la mobilisation des recettes douanières en vue de soutenir les engagements budgétaires de l’Etat ; accompagner le développement de l’économie nationale ; assurer la protection de la société et garantir la sécurité nationale.
En matière fiscale, l’objectif initial de recettes assigné à la Direction Générale des Douanes en 2023 était de 973,7 milliards de FCFA. Par rapport à cet objectif, la Direction Générale des Douanes a mobilisé 1 019,8 milliards de FCFA. Avec cette performance, la DGD franchit la barre historique de 1 000 milliards de FCFA ; le taux de réalisation se situe à 104,7%, en amélioration de 0,4 point par rapport au 104,3% de 2022 ; les recettes douanières budgétaires connaissent une hausse de 13,2% en valeur relative et 118,7 milliards de FCFA en valeur absolue, comparées aux 901,2 milliards de FCFA mobilisés en 2022.
En dehors de ces recettes budgétaires s’ajoutent d’autres recettes non budgétaires d’un montant de 189,1 milliards versées dans le Compte Unique du Trésor.
Lire aussi : Cameroun : La DGD mobilise 1 282,8 milliards de FCFA de recettes douanières en 2023 – Bougna.net
En matière de surveillance et de sécurité, la Direction Générale des Douanes a participé en 2023 à de nombreuses opérations nationales, régionales et internationales. Parfaitement intégrée dans la communauté nationale de défense et de sécurité, la Direction Générale des Douanes a réalisé d’importantes saisies, d’une ampleur déterminante saluée aussi bien par les pouvoirs publics, les opérateurs économiques, les consommateurs que la communauté douanière internationale.
L’activité de surveillance, bien que reluisante, a toutefois été entachée d’une peine profonde avec le décès tragique et prématuré de deux douaniers au poste de contrôle mixte à Mora dans la Région de l’Extrême-Nord dans la nuit du 30 mai 2023.
Les honneurs militaires ont été rendus à la Base Aérienne 101 de Yaoundé, sous la présidence de Monsieur le Ministre des Finances le 07 juillet 2023, hommage appuyé le 17 janvier 2024, par la pose des gerbes de fleurs sur le lieu de cet incident malheureux à Mora par Son Excellence Louis Paul MOTAZE.
Vous l’avez rappelé tout à l’heure, les activités marquant la célébration de la Journée Internationale de la Douane ont été lancées à Bamenda. Il s’agit d’une région considérée comme zone économiquement sinistrée. Quelle était la symbolique derrière le choix de cette ville ?
En proie aux crises inhérentes aux attaques des bandes armées, aux enlèvements des personnes, à la destruction des biens communautaires, à la contrebande et autres trafics illicites transfrontaliers, le Secteur des Douanes du Nord-Ouest présente un visage aussi bien résilient que rayonnant au fil des années.
A titre d’illustration, sur le plan fiscal, les recettes douanières du Nord-Ouest sont passées de 178 millions de FCFA en 2018 pour se situer à 400 millions de FCFA en 2022 et à 456 millions de FCFA en 2023. L’instant est bien choisi pour renouveler ici mes félicitations et encouragements à ces collaborateurs dévoués et à tous les usagers contributeurs à la mobilisation des recettes de l’Etat. Bien évidemment, tout ceci n’aura pas été possible sans l’encadrement bienveillant des autorités administratives, municipales, militaires, traditionnelles et religieuses. A vous tous, recevez les remerciements de la Direction Générale des Douanes.
En fonction du thème retenu par l’Organisation Mondiale des Douanes et des opportunités de circonstance, nous avons adopté la tradition de procéder au lancement des manifestations marquant la célébration de la Journée Internationale de la Douane dans une partie précise du territoire national.
La ville de Bamenda abrite cet évènement pour la deuxième fois. En effet, elle avait précédemment été sous les feux analogues le 15 janvier 2018. Le fait marquant d’alors était la signature de la convention de partenariat entre la Direction Générale des Douanes et l’Université de Bamenda pour la formation professionnelle des Etudiants de l’Institut Supérieur des Transports et de la Logistique. Le temps certes passe, mais nous gardons à l’esprit notre engagement à faire de nos partenaires des acteurs professionnels, des auxiliaires aptes et dévoués au service de la performance de l’ensemble de la chaîne logistique.
Entre 2018 et 2024, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Mais, le partenariat est permanent à Bamenda et, plus encore, au cœur de cette célébration de la Journée Internationale de la Douane Edition 2024, ce qui justifie notre choix de lancement ici pour trois raisons principales.
La première raison est liée à l’encouragement des initiatives de partenariat, au rang desquelles la création d’un port sec et la construction des magasins et aires de dédouanement extérieurs à Bamenda. Portées par les autorités régionales et municipales, ces initiatives sont voulues et encouragées par l’administration douanière. En effet, la création de ces espaces de stockage et de dédouanement des marchandises est de nature à générer des avantages incomparables pour les entreprises créatrices de richesses, pour les populations en termes d’emplois, pour l’économie nationale en pleine expansion.
La deuxième raison est qu’avec l’appui des bailleurs de fonds internationaux, des autres administrations publiques et privées partenaires, le Secteur des Douanes du Nord-Ouest bénéficie de la sollicitude du Gouvernement avec la construction d’un nouveau siège des douanes à Bamenda. Monsieur le Ministre des Finances a bien voulu, lui-même, procéder à la pose de la première pierre de cette importante infrastructure qui va non seulement embellir la ville de Bamenda, mais aussi et surtout mettre les douaniers dans des meilleures conditions et un meilleur cadre de travail, au service de l’Etat, des usagers et des populations.
La troisième raison est liée à la diversification des partenariats à l’aune de la mise en œuvre de la ZLECAf. Limitrophe du grand voisin le Nigéria, le Secteur des Douanes du Nord-Ouest partage également ses limites avec les Secteurs des Douanes de l’Ouest et du Sud-Ouest.
De par cette position charnière, l’on note la présence des opérateurs économiques de diverses nationalités, ainsi qu’un accroissement des flux de biens et services. Avec la mise en service de nouvelles infrastructures routières entre l’Afrique centrale et l’Afrique occidentale, notamment au niveau de Mfum, les partenaires nouveaux et anciens ont une opportunité de suivre de nouveaux objectifs exprimés en termes de consolidation de l’intégration panafricaine, la densification du commerce transfrontalier des biens et services, le développement des échanges commerciaux intra-africains, la lutte contre les trafics illicites transfrontaliers, la lutte contre le blanchiment des capitaux et la lutte contre le terrorisme. Dans cette vanne, le partenariat est un adjuvant essentiel et il importe, aujourd’hui plus qu’hier, de nouer des relations pérennes et fructueuses.