Patrice Melom (DG PAK) : « Nous comprenons l’impatience des camerounais. Les perspectives sont plutôt bonnes »

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Crédit Photo: Cameroon Business Today

Le 02 mars dernier, le Port de Kribi a fêté le premier anniversaire de sa mise en exploitation commerciale. Contrairement aux autres entreprises, où les événements similaires sont célébrés avec faste et solennité, l’administration du PAK semble plutôt avoir privilégié le travail. Entendons-nous, ce n’est pas par manque de raisons. En un an, le PAK a fait 264 escales ; 137 000 conteneurs manutentionnés, 50 000 mètres-cubes de bois exportés et une majorité d’opérations réalisées dans le transbordement. Mais ces performances, bien qu’encourageantes, restent loin, bien loin des espoirs portés sur ce port, annoncé à sa création comme étant un « Challenger » sérieux dans le Golfe de Guinée. Pour garder tous les espoirs portés sur son institution, Patrice Melom, le Directeur général, devrait opter pour une solution simple : « s’assurer d’une bonne assise nationale, avant de partir à la conquête du monde ». En 2019, le PAK compte diversifier ses activités dans l’Import-Export. Avec, en plus du cacao, le Coton, et l’Hévéa. Et augmenter le volume de bois exporté. Cette assise locale reposera cependant sur quelques…cadeaux. Le 07 mars dernier, en présentant « l’offre logistique et industrielle du Port de Kribi » au GICAM, le DG du PAK a distribué quelques-uns aux entreprises locales. Une réduction de 20% des tarifs sur les droits de port pour les navires, les services de remorquage et lamanage, les opérations de scanning. Et une diminution de 20% des tarifs de manutention terre, avec des mesures incitatives discutées avec chaque armateur sur la manutention bord. « Tout ceci, pour être en mesure de prendre en charge, sous un meilleur régime, les attentes des acteurs économiques qui, au GICAM comme ailleurs, sont sans cesse importantes », a-t-il expliqué. Invité à prendre place dans notre « bougna », le Directeur général du PAK présente fait un premier bilan de sa gestion. Et nous conduit dans les eaux profondes, mais « prometteuses » du Port autonome de Kribi.

 

Le 02 mars dernier, le Port de Kribi a fêté le premier anniversaire de sa mise en exploitation commerciale. Si dans les nombreuses communications que votre institution produit, on note une certaine « satisfaction » dans les activités, le moins que l’on puisse dire, c’est que les espoirs portés sur cette place portuaire au moment de sa création ne sont pas au rendez-vous. La promesse d’un grand port en eaux profondes censé donner au Cameroun une place de choix dans le golfe de guinée reste toujours attendue. Est-ce le même bilan que vous faites des activités du PAK ?

S’il faut faire une sorte de bilan, je dirai que c’est un bilan plutôt satisfaisant. L’enjeu principal était d’abord de mettre en exploitation. Ce qui a été fait. Et si nous exploitons un peu les chiffres, nous verrons que sur le Terminal à conteneurs, en transbordement, nous avions les prévisions de 105 000 EPV. Nous en avons fait 115.

Par contre, en import-export, les prévisions étaient de 170 000 EPV. Là-dessus, ça s’est moins bien passé. Pour des raisons évidentes. L’import-export a besoin d’un certain nombre de conditions préalables qui n’étaient pas encore réunies. Notamment la capacité de stockage, les magasins, les parkings de camions et poids lourds, ainsi de suite. Ce sont des choses qui sont en train d’être mises en place à ce moment.

A la fin de l’année 2019, le Port autonome de Kribi aura dégagé un peu plus e 50 ha de terrains. Nous serons à un peu plus de 40 000 m2 de magasins et espaces de stockage. Sans compter les parkings de camions qui sont en train d’être construits.

Ces données sont-elles suffisantes pour parler de compétitivité dans un golfe de guinée aussi concurrentiel ?

En termes de compétitivité, effectivement, le Port de Kribi ambitionne d’acquérir une place de choix dans le Golfe de Guinée. Parce qu’en réalité, ses concurrents se retrouvent plutôt dans la côte Ouest africaine. Je veux parler des concurrents de même type, c’est-à-dire des ports en eaux profondes. Il s’agit d’un marché très concurrentiel. Nous arrivons dans un marché où les autres sont là avant nous. Ils sont parfois, sinon souvent mieux équipés. C’est pour cela que nous sommes obligés de mettre en place des politiques attractives. Comme geler les prix, baisser certains tarifs. C’est pour attaquer le marché.

Je dois dire que les choses vont se mettre en place progressivement. Un an après, nous ne pouvons pas encore dire que le Port de Kribi ne remplit pas tous les espoirs. Nous comprenons l’impatience des camerounais, mais nous leur disons que les perspectives sont plutôt bonnes. En Import-Export, nous sommes en train de diversifier. Sur le Terminal Polyvalent, nous avons quand même fait, cette année, 260 000 tonnes de manutention.

Cette année, nous allons encore diversifier. Ce ne sera plus essentiellement du bois. Mais aussi du Coton, du Cacao, de l’Hévéa. Nous pensons qu’en fin 2019, nous serons à 800 000 tonnes. Avec une capacité, au niveau du Terminal Polyvalent, d’1,2 millions de tonnes.

Vous avez rendu publics les résultats de l’Appel d’Offres restreint pour l’exploitation du Terminal Polyvalent. L’offre des camerounais de KPMO n’a pas été retenue, au détriment de celles de cinq entreprises essentiellement étrangères. Après tant d’années de bons et loyaux services, va-t-on leur demander de plier bagages ?

S’agissant du processus de sélection d’un partenaire au Terminal Polyvalent, comme vous le savez, c’est un Appel d’Offres international qui a des règles. Que nous ne pouvons pas biaiser. Au risque de nous retrouver avec des procès. Nous avons fait un Appel à manifestations. A l’issue de la première pré-sélection, cinq entreprises ont été présélectionnées. Malheureusement, l’offre des manutentionnaires camerounais n’a pas été sélectionnée parmi les cinq.

Cela n’exclut pas que dans le cadre de l’exploitation future, ces manutentionnaires camerounais se mettent avec l’adjudicataire sur le Terminal Polyvalent. Je voudrai rappeler aussi que nous avons pris des dispositions qui obligent le futur concessionnaire à réserver une partie du capital de la société d’exploitation aux camerounais. Nous sommes même allés jusqu’à leur dire qu’en priorité, ce capital-là pourrait être réservé aux entreprises manutentionnaires qui manutentionnent déjà.

Vous comprenez bien que dans le cadre d’une procédure internationale, nous sommes obligés de nous en tenir aux règles fixées. Effectivement, nous nous soucions des manutentionnaires camerounais. La preuve, quand il a fallu prendre une entrepris pour gérer la régie, c’est bien aux manutentionnaires camerounais que nous avons pensé. Ils pourront toujours trouver leur place dans cette exploitation.

 

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