Dans le cadre de la réalisation du Programme routier 2019, l’Etat prévoit de céder une partie des travaux aux Collectivités territoriales décentralisées. Au cours du Salon de l’Entreprise, Promote, l’ingénieur de l’Etat a abondamment communiqué sur ce projet qui fait partie des grandes réformes du secteur des BTP. Dans cette interview, Emmanuel Nganou Djoumessi, le patron de ce département ministériel, nous en donne les grandes lignes.
Vous avez démarré l’année 2019 par une semaine longue et stratégique pour le département ministériel dont vous avez la charge. Marquée par la Conférence des services centraux et déconcentrés du ministère des Travaux publics. Le thème central de cette édition était : « Les nouveaux paradigmes et les innovations de l’entretien routier au Cameroun ». Quel message avez-vous porté à vos collaborateurs ?
C’était un moment de réflexion qui va réunir tous les acteurs de l’entretien routier. Voyez-vous nous avons un réseau routier de 122 000 km environs aujourd’hui et environs 100 000 sont désormais réservés à la maitrise d’ouvrage des Communes. Il faut donc leur dégager des moyens conséquents et il faut que la traficabilité de nos routes soit garantie en toute saison. Que faire dès lors que nous nous rendons compte que nos moyens d’intervention, c’est-à-dire les ressources financières se réduisent ? Est-ce qu’il va falloir perpétuellement rester les bras croisés ? Non ! Il faut réfléchir. Nous allons donc vers la stabilisation de nos axes routiers en terre par le recours aux produits stabilisants. Comment y arriver ? C’est l’objet des échanges. Par ailleurs, il faut continuer à bitumer le réseau. Nous avons un peu plus de 9500 km de routes bitumées aujourd’hui. Ce n’est pas insignifiant, mais pas tout aussi important. Qu’est-ce qu’il faut faire pour avoir des routes bitumées ? Là aussi il y a lieu d’innover».
Par le vieil adage qui veut que « là où la route passe, le développement suit», nous comprenons que la route est un facteur déterminant de l’essor économique et partant, du bien-être. Dans cette logique, la bonne qualité des corridors et du réseau ramifié, favorise les échanges, impulse la production, contribue à la création de la richesse.
Que faire pour continuer de construire les routes, garder en bon état celles existantes avec des moyens financiers réduits.
Il importe de souligner que le réseau ramifié à conduire, dans le cadre d’un programme de connectivité par la route, suppose des ramifications routières praticables en toute saison. Ainsi, les localités qui les composent sont reliées aux Chefs-lieux d’arrondissement par des routes en bon état ; les chefs-lieux d’arrondissement sont également reliés aux chefs-lieux de département par des routes en bon état etc.
Des lors, quelles approches et quelles innovations pourraient être apportées pour faire plus avec peu, à l’effet de relever de manière substantielle, le nouveau de praticabilité de nos routes et de prolonger leur durée de vie et leur linéaire ?
Inéluctablement, faire plus de travaux avec peu de moyens suppose la maitrise des coûts de réalisations de nos infrastructures. Ce qui renvoie aux coûts des intrants, de tous les intrants. Cette analyse des coûts de construction mérite d’être conduite avec rigueur, en réponse à de nombreux questionnements.
Il s’agit donc de focaliser les échanges dans les ateliers, sur la recherche des méthodes les plus directives de l’entretien routier, le guide de la maitrise d’œuvre des projets. La gestion rigoureuse des barrières de pluies pour les routes en terre et le contrôle strict des charges à l’essieu pour les routes bitumées ; les approches innovantes dans l’entretien routier. Ici, il s’agira d’aborder l’apport des produits stabilisants dans l’entretien routier et les nouveaux modes d’exécution des travaux, à l’instar de la régie et des partenariats avec les sociétés de développement ou les sociétés forestières et la disponibilité des ressources matérielles et financières et l’appropriation des nouvelles réformes dans l’exécution du budget et le nouveau Code des Marchés Publics.
C’est dans ce contexte de maintien en bon état, de l’accroissement au linéaire du réseau routier, de quêtes permanentes de solutions innovantes, que s’est tenue la Conférence des Services Centraux et de Déconcentrés du Ministère des Travaux Publics.
Cette année marque l’entrée du Cameroun dans le septennat des Grandes opportunités. Pour le ministère des Travaux publics, à quoi cela renvoie-t-il ?
Effectivement, nous avons entamé le septennat des « Grandes opportunités » de Monsieur le Président de la République, Son Excellence Paul BIYA. De nombreux défis nous y interpellent pour la réalisation de la vison 2035. L’approfondissement du processus de la décentralisation en est un des axes de mise en marche. Nous y sommes avec la maitrise d’ouvrage des Maires sur les routes communales, ainsi que la conduite des opérations de cantonnage qui leur incombent désormais.
A ce jour, quel bilan faites-vous de 2018, et quels objectifs vous fixez-vous pour 2019 ?
Par exemple, s’agissant de l’exercice 2018, l’entretien des routes communales enregistre, à ce jour, 16 contrats passés par 16 communes, sur un linéaire de 1.544, 40 km sur les 1.771,20 km programmés, pour une allocation financière de 7.200.699.594FCFA sur les 8,4 milliards prévus ; ce sont là, des contrats passés sur les 19 lots intercommunaux et visés par le Fonds Routier. Restent les projets des communes de Wabane, Bayangam et Yabassi.
Quant aux activités de cantonnage, une allocation de 2,80 milliards FCFA pour un linéaire de 4.039,69 km a été affectée à 135 Maires dont les communes sont traversées par des routes bitumées ; au 31 décembre 2018, le Fonds Routier a visé 26 marchés de 606, 19 milliards FCFA, pour un linéaire de 877, 38km.
S’agissant de l’exécution physique proprement dite des projets concernés, appréciation a été initiée dans le cadre des ateliers régionaux avec les exécutifs régionaux, organisés pour l’alimentation de la base des données concernant l’entretien routier communal. C’était du 03 au 10 février 2019 derniers.
Les conclusions de nos échanges seront d’application immédiate, dans le but d’améliorer nos performances dans l’entretien routier dont un linéaire important, environ 100 000 kilomètres, est dorénavant à la charge des Communes.
Lire aussi :
[…] E. Nganou Djoumessi : « Les communes ont la charge de… […]