Du deuxième étage de ce qui lui sert de bureau à la RTC, Lin Dieudonné ONANA NDOH a la bonne position pour mesurer l’ampleur des changements opérés sur le terminal à conteneurs du Port de Douala-Bonabéri depuis la reprise des activités en décembre 2019.
Directeur délégué, puis Directeur Général, après la prolongation du bail de la filiale du Port Autonome de Douala (PAD), l’Ingénieur en Ponts et chaussées est un témoin vivant de la normalisation des activités sur cette partie du port jadis concédée à Douala International Terminal (filiale du groupe Bolloré), puis de sa montée en puissance dans le combinat portuaire de Douala.
« Cinq ans après, beaucoup de choses ont changé. Pour commencer, nous avons suivi le plan d’investissement prescrit par la Direction Générale du PAD. Il nous avait été demandé de rééquiper le terminal, de réparer tout ce que nous avons trouvé en panne, etc. Tout ça a été fait », lance-t-il.
« Le nombre de portiques de quai était à trois grues, nous en avons ajouté deux. Les portiques de parc sont passés à 12. Les autres équipements de manutention ont été ajoutés. Les infrastructures ont été complètement refaites. Ceux qui sont passés ici avant le 31 décembre 2019 savent dans quel état se trouvait le terminal à conteneurs. Aujourd’hui, si on dégage les conteneurs, un avion peut atterrir et décoller ici », se glorifie-t-il.
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Pour nous permettre de toucher du doigt ces changements, Cyrille AYINDA, Directeur de l’Exploitation, nous conduit sur le terminal pour une visite. Ancien employé de DIT, rentré dans les rangs de la RTC après la « nationalisation » des activités par le PAD, il se dit mieux placé pour montrer la transformation opérée par après le départ de son ancien employeur.
« Le terminal était comme un champ. En saison des pluies, des flaques d’eau jonchaient le terminal, des camions se renversaient, laissant tomber leurs conteneurs, après être entrés dans des cratères. Certains pouvaient passer des jours sans être chargés, puisque les chargements se faisaient à tête chercheuse », se souvient-il.
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« Aujourd’hui, il n’y a aucun contact verbal entre le chauffeur du camion et l’opérateur du portique. Le chauffeur entre, se fait identifier à la guérite, se dirige vers le lieu du chargement, attend son conteneur, et repart, une fois celui-ci chargé. Il n’y a pas de négociation, pas de temps perdu, en une heure, il est sorti du terminal », ajoute-t-il.
Investissements et performances
Si l’entreprise a pu opérer ces changements en si peu de temps, c’est grâce à son personnel. Un personnel aujourd’hui estimé à 560 employés (l’entreprise revendique 3000 emplois directs et indirects). Depuis quelques années, la RTC met en place un programme de renforcement de leurs capacités. Entre 2020 et 2024, le personnel de la RTC avait bénéficié de 296 formations locales et internationales pour un total de 41 370,95 heures.
« Nous avons été les premiers à envoyer nos personnels à l’école. Ici, ça faisait 17, voire 18 ans, que personne n’était jamais sorti du terminal pour aller se faire former », se glorifie le DG de la RTC. L’entreprise a également fait passer la couverture maladie de tout son personnel à 100%.
Au personnel plus qualifié, la RTC a également donné de nouvelles infrastructures informatiques. Systèmes de communication entre les ordinateurs centraux et les équipements sur le terrain ; renforcement des équipements GPS ; systèmes de gestion du fichier du personnel, de la comptabilité, de la facturation etc.
Enfin, l’entreprise a renforcé sa relation-client, à travers la révision de sa division commerciale. Les clients ont désormais la possibilité de solliciter leurs factures à distance, de les payer une fois reçues à distance. L’entreprise a mis en place un système personnalisé de suivi des clients par groupe en recrutant des chargés de la clientèle. Elle a enfin modifié le mode de rétribution des clients.
« Avant, on ne reconnaissait que les lignes maritimes. Aujourd’hui, nous reconnaissons les chargeurs. Ce sont eux qui nous font près de 70% de notre flux à l’import ».
Ces investissements dans les infrastructures et dans les ressources humaines ont contribué à tirer les performances de la RTC vers le haut. À fin 2023, l’entreprise avait traité 348 470 conteneurs, avec une productivité passée de 27,03 à 21,39 mouvements par heure. Pour cette année 2024, la cadence est descendue à 20 mouvements par heure. La cadence navire est passée à 27 mouvements par heure. Le TST (temps de livraison aux camions) qui était une grosse plainte, est passé à une heure.
« Au niveau des relations avec notre maison-mère (le Port Autonome de Douala Ndlr.), les exigences ont été triplées. Là où les autres versaient 4,5 milliards de FCFA de redevance, cette année, nous allons atteindre les 20 milliards de FCFA de redevance. Au plan financier, nous sommes passés d’un chiffre d’affaires de 49 milliards en 2019, à près de 61 milliards de FCFA. Le trafic est passé de 320 000 conteneurs EVP, nous allons frôler les 380 000 conteneurs d’ici la fin 2024 », anticipe le Directeur Général (voir tableau).
Perspectives
Si son bureau lui offre une large vue sur le terminal à conteneurs, Lin Dieudonné ONANA NDOH s’y sent déjà bien à l’étroit. Dans les plans d’investissement de la RTC, le Directeur Général prévoit la construction d’un nouvel immeuble-siège.
« Nous sommes dans un tout petit bureau, dans un petit bâtiment. L’habitude voulait que les gens fassent des bureaux dans les conteneurs. Très certainement parce qu’il suffisait qu’on leur dise « partez » et ils prenaient leur sacoche, et partaient. Ce qui n’est pas notre cas. Nous sommes camerounais, nous serons enterrés ici. Donc si nous avons un peu de chance, avec l’appui de la hiérarchie, nous allons construire un siège de la RTC, où le personnel se sentira à l’aise et pourra travailler dans les conditions d’épanouissement optimal », lance-t-il.
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Etroit, le terminal à conteneurs l’est aussi. Ici, à l’horizon 2028, la RTC devrait mettre aménager un nouvel espace. « Nous ambitionnons de prolonger le terminal de 250 mètres-linéaires au niveau du poste 17, et de faire six hectares de terre-plein additionnels à l’arrière. Ce prolongement va être accompagné de l’acquisition d’au moins deux portiques de quai. Ne serait-ce que parce que le quai aura été prolongé. Les quatre autres portiques de parc que nous avons déjà prévu pour couvrir cette zone-là. Ceci est prévu au plan de l’exploitation pure du terminal », souligne-t-il.
Dès 2025, la RTC devrait faire un pas de plus dans la protection de l’environnement, avec le basculement des opérations des portiques à l’énergie électrique. « Nous avons aussi pour ambition de voir, si à terme, on ne peut pas changer le mode de fonctionnement de nos portiques (qu’ils soient de quai ou de parc) en portiques électriques. Aujourd’hui, nous fonctionnons au gasoil, avec tout ce qu’il y a comme problème de pollution et notre engagement à la lutte contre la pollution, nous avons cette ambition-là. C’est pour cela que vous allez voir que tous les portiques de parc que nous construisons en ce moment son en béton armé. Entre deux portiques, il y a un couloir qui a été réservé. Nous allons implanter ce qu’on appelle en termes techniques un bus bar. Il s’agit de rails électrifiés qui servent à faire fonctionner le portique de parc avec de l’électricité », conclut-il.
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