La Douane va étendre son partenariat avec Camtel vers la couverture des postes frontaliers au backbone

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Réunion Douanes Camtel sur la couverture des postes frontaliers au Backbone

La Douane camerounaise veut connecter ses postes disséminés aux frontières du Cameroun au backbone. L’annonce est faite par FONGOD Edwin NUVAGA, Directeur Général des Douanes (DGD).

Ce vendredi, 15 mars, une réunion s’est tenue dans les installations de la Cameroon Telecommunications (CAMTEL), fournisseur historique de la DGD. Selon nos informations, la question de la couverture desdits postes au backbone a été posée sur la table.

C’est depuis 2010 que les deux administrations opèrent dans un cadre partenarial. Notamment avec la mise en place d’un réseau d’interconnexion MPLS Douane par l’entreprise de télécommunications. Le réseau a continué à être déployé dans toutes les régions, principalement les chefs-lieux, avec un total de 35 sites interconnectés jusqu’en 2019.

La migration au nouveau système d’information douanière CAMCIS a marqué le basculement de la Douane dans de nouveaux besoins. Notamment l’extension vers de nouveaux sites. De 35, elle est ainsi passée à 125 sites.

« Mais la dégradation de la collaboration entre les deux entreprises n’a pas permis à date de satisfaire certains besoins en extension, et même certains sites en exploitation sont passés hors-service, à l’instar de Kyé-Ossi, Bamenda (2 sites), Bafoussam aéroport, Garoua-Boulaï et Belabo », apprend-on.

« Pour nous, la dématérialisation au niveau de la Douane repose sur un bon réseau de communications. Avec Camtel, nous avons cela, et nous pensons que ça va continuer de l’avant. Nous sommes venus d’abord remercier Camtel pour ce qu’elle fait pour nous. En plus, pour solliciter davantage de services. Nous avons beaucoup de sites disséminés dans les différentes frontières. Il faudrait qu’on trouve un moyen de faire une extension du réseau vers ces sites-là qui ne sont pas couverts par le Backbone. Camtel nous a promis une solution dans dix jours », a réagi FONGOD Edwin NUVAGA.

« Le partenariat entre Camtel et la Douane date de plusieurs années. Il était question de revoir quels sont les problèmes qui existent au sein de cette collaboration. Qu’est-ce que Camtel peut faire pour améliorer la qualité du service qu’elle fournit à la Douane, et quelles sont les perspectives pour connecter davantage de sites de la Douane. Nous repartons sur de très bonnes bases, nous sommes fiers d’être un partenaire qui satisfait aux préoccupations de la Douane camerounaise », a ajouté Judith Ya Sunday ACHIDI, Directrice générale de Camtel.

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Avoir un réseau de communications de qualité, c’est un élément essentiel pour la Douane camerounaise. Depuis 2021, à la faveur du Forum sur la surveillance douanière, l’administration a renforcé ses dispositifs de surveillance au niveau des frontières.

Frontières tendues

Une stratégie qui cadre avec le programme de recherche « Frontières fragiles », lancé en 2016 par l’Organisation Mondiale des Douanes. Un programme dédié au rôle des douanes dans les zones frontalières affectées par la violence armée et dans les situations de post-conflit.

Initialement concentré sur les pays d’Afrique, en particulier le Sahel et l’Afrique de l’Est, puis étendu à la Région Afrique du Nord, du Proche et du Moyen-Orient (MENA), ce programme de recherche étend la notion de sécurité à sa dimension économique et fiscale, au-delà des réponses techniques au risque terroriste.

Il envisage plus largement le rôle des douanes dans les rapports entre sécurité et économie de la frontière, les pratiques de commerce transfrontalier et de fiscalité, la compétition entre les états et les groupes armés non étatiques dans les zones fragiles et la restauration de l’administration dans les situations post-conflit.

Cameroun

Au Cameroun, en effet, on recense plusieurs foyers de tension du fait d’une crise socio politique interne, mais également du fait de l’insécurité ou de l’instabilité politique dans certains pays voisins.

Dans la Région de l’Est, frontière avec la République Centrafricaine, l’on enregistre une augmentation du grand banditisme et l’insécurité en raison de l’action des bandes armées. Dans les Régions de l’Extrême-Nord et du Nord, frontalières avec le Nigeria et le Tchad, on enregistre des attaques des membres de la secte islamique Boko Haram.

Dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest frontalières avec le Nigéria, l’activité socio-économique est affectée par une crise socio-politique et sécuritaire depuis fin 2016. Ajouté à cela, l’insécurité dans le Golfe de Guinée avec la recrudescence du piratage maritime.

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Selon la Direction Générale des Douanes, « cette insécurité aux frontières a entrainé plusieurs conséquences : les enlèvements de certains fonctionnaires des Douanes et la démobilisation du personnel qui abandonnent les postes dans les zones à risque ; la restriction des mouvements transfrontaliers des personnes et des marchandises avec le Nigéria, le Tchad et la RCA ; l’exode des populations qui se réfugient dans les Régions du Centre et du Littoral ; l’accroissement de l’insécurité aux frontières ; et la déperdition des recettes de l’Etat ».

Cas pratiques

Dans la région de l’Extrême-Nord par exemple, de 2015 à 2017, les recettes douanières sont passées à 1,5 milliards de FCFA en moyenne, contre 3,5 milliards en 2014 année du début du conflit BOKO-HARAM. Dès 2018, l’effet néfaste de la crise socio-politique s’est faire ressentir dans la région du Nord-Ouest. En effet, de 2014 à 2017, le niveau moyen des recettes était de 255 millions de FCFA. Elle est passée à 71 millions de FCFA en moyenne pour la période 2018-2020. Dans la région de l’Est, les recettes de 2018-2019 se situaient en moyenne à 1,3 milliards avant de chuter à 494 millions de Fcfa (2020-2021).

« Face à cette insécurité dans ses frontières, l’Etat du Cameroun a opté pour une politique de riposte assise sur quatre piliers : la confrontation, l’endiguement de la menace, la réinsertion des populations et la réhabilitation des structures de l’Etat », explique-t-on à la Direction Générale des Douanes.

Plusieurs résultats les plus marquants ont suivi. L’adoption de la Loi N°2014/028 du 23 décembre 2014 portant répression des actes de terrorisme, qui punit de la peine de mort, celui qui, à titre personnel, en complicité ou en coaction, commet tout acte ou menace susceptible de causer la mort, de mettre en danger l’intégrité physique, d’occasionner des dommages corporels ou matériels, des dommages de ressources naturelles, à l’environnement ou au patrimoine culturel dans l’intention d’intimider la population ;

Le renforcement de la sécurité aux frontières par la création de nouvelles Régions Militaires Interarmées et Régions de Gendarmerie dédiées aux Régions sensibles, par Décret N°2018/148 portant modification du Décret N°2014/308 du 14 aout 2014 modifiant le Décret N°2001/180 du 25 juillet 2001 portant réorganisation du Commandement Militaire Territorial.

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La convocation par le président Paul Biya, le 10 septembre 2019, d’un grand dialogue national pour examiner les voies et moyens de répondre aux aspirations profondes des populations de ces deux régions, mais aussi de toutes les autres composantes du pays.

L’adoption de la Loi 2019/024 du 24 décembre 2019 portant code général des collectivités territoriales décentralisées, accordant un statut spécial aux Régions du Nord-ouest et du Sud-ouest ; et la mise en place d’une commission de démobilisation et de réinsertion des ex-combattants.

« En application des recommandations de l’OMD en matière de gestion des frontières fragiles, les Administrations douanières doivent respecter certaines règles. Par exemple, elles doivent maintenir , réguler et promouvoir le commerce transfrontalier et l’économie de la frontière ; anticiper sur les dangers par la guerre préventive ; cibler les grands trafics illicites ; renforcer le renseignement et les capacités d’analyse ; et renforcer la collaboration entre les forces d’application de la Loi aux frontières. Nous pouvons aussi ajouter le devoir de renforcer la collaboration avec les Organisations Internationales qui œuvrent dans la lutte contre la fraude et les grands trafics (OMD, OIPC-INTERPOL, etc.) ; la nécessité de renforcer  l’éthique et  la déontologie administrative ; et la nécessité de faciliter l’aide humanitaire et les flux de réfugiés », rappelle la Direction Générale des Douanes.

« Au niveau national, ajoute la DGD, des piliers de cette initiative régionale ont été mises en œuvre. On peut citer la rationalisation des contrôles aux frontières par la signature en 2014 de la convention MINFI/MINDEF pour la surveillance du plan d’eau. L’inscription, depuis mars 2022, des douanes Camerounaises dans les différentes instances nationales de partage du renseignement, en vue d’assurer sa contribution efficace à la sécurité nationale. La transposition au niveau national depuis octobre 2022 du règlement portant création, organisation et fonctionnement de la Brigade mixte-CEMAC des Etats membres, opérant le long des corridors inter-Etats. La multiplication des initiatives de coopération et de collaboration dont le point d’orgue est la création avec le Nigéria d’un Bureau d-UEAC-CCPAC-CM-es douanes juxtaposé inaugurés le 03 novembre 2022. La mise en place d’une task force avec la mutualisation des forces Douanes/FDS dans les zones sensibles ».

Lire aussi : Au Sous-Comité transfrontalier Cameroun-Nigéria, la Douane présente ses mesures en matière de contrôle et de surveillance des frontières

Rappelons que depuis 2020, en prenant acte du virage stratégique de Punta Cana et attentif aux mutations du monde, l’Etat du Cameroun au sommet a entrepris de capaciter résolument mais progressivement la douane dans le champ des questions sécuritaires en posant quelques actions concrètes.

Il s’agit du déclenchement « suivant les Très Hautes Instructions du Chef de l’Etat » du chantier de mise à niveau de la Douane pour son intégration au sein de la Communauté Nationale de Défense et de Sécurité. Ce programme qui vise à capaciter en moyens juridique, logistique et opérationnelles a conduit à l’élaboration de trois textes essentiels.

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Le règlement de discipline de l’Administration des douanes, un outil qui définit les règles de comportement ; le statut spécial qui vise le renforcement du pouvoir de négociation de la Douane ; et la réorganisation des structures afin de mieux réceptionner les questions sécuritaires dans son champ de compétence.

Toutes ces mesures se sont matérialisées par un accroissement de 4,52% des recettes budgétaires en 2023, par rapport aux 973,7 milliards de FCFA de prévisions. En glissement annuel, c’est plus de 13,2% (118,7 milliards de FCFA) des recettes budgétaires qui ont été collectées, comparées aux 901,2 milliards de FCFA mobilisés en 2022.

Frégist Bertrand TCHOUTA

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