Emmanuel Nganou DJOUMESSI : « Il n’y a aucune zone d’ombre entre la BAD et le MINTP »

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Emmanuel Nganou Djoumessi s'exprimant sur le réseau routier du Cameroun

Même si elle n’était pas une conférence de presse, encore moins une interview, la rencontre entre le Ministre des Travaux Publics et des journalistes ce 12 octobre 2021 en avait tout l’air. Dans contexte marqué par la prolifération d’informations annonçant la suppression des financements de la BAD sur certains projets routiers, Nganou Djoumessi a senti la nécessité de mettre les points sur les ii. Sur la route Ntui-Mankim, par exemple, où le Maître d’Ouvrage est accusé d’avoir porté son choix sur une entreprise n’ayant pas les capacités, il explique : « cette entreprise a été attributaire parce qu’elle a été moins disante d’un peu plus de 3 milliards de FCFA par lot. Qu’est-ce qu’on ne peut pas faire au Cameroun avec 3 milliards de FCFA ? Nous avons donc pris les 3 milliards, et nous lui avons demandé de remplacer son directeur de projet, et de mettre les équipements à disposition. C’est ce qui s’est passé. La BAD avait déjà reçu de nous la satisfaction par l’entreprise de ces deux conditions qu’elle a posées. », se défend-il. Avant de préciser que « l’entreprise attributaire se devait de remplacer son directeur des travaux afin d’aligner son expérience sur les exigences de l’appel d’offres. Et marquer sa disponibilité à mobiliser les équipements dans un délai de 60 jours », explique-t-il. Mais la route Ntui-Mankim n’est pas la seule à connaître des retards dus à des problèmes administratifs. Les routes Bogo-Pouss (dans la région de l’Extrême-Nord), Kumbo-Nkambe-Misage (région du Sud-Ouest), et Wum-Bamenda-Bafut (Nord-Ouest), toutes sous financement BAD, peinent à démarrer. Voici les explications du MINTP.

Monsieur le Ministre, l’actualité dans le secteur des BTP est cristallisée par les rumeurs d’un assombrissement des relations entre le MINTP et la BAD. Avec, en prime, l’annulation de certains financements accordés par la Banque Africaine de Développement. Notamment sur les routes Ntui-Mankim, et Bogo-Pouss. Quels éclairages pouvez-vous apporter à ces informations ?

Il n’y a aucune zone d’ombre entre la Banque africaine de Développement et nous. Quand il y a une zone d’ombre, on ne dialogue pas régulièrement comme nous le faisons. Lundi dernier, nous avons tenu une réunion de dialogue avec la BAD sur ma demande. J’avais présenté 16 points. La Banque, en retour, a écrit pour indiquer quelles sont ces préoccupations. Parmi ces préoccupations, il y a la contractualisation des travaux de Bogo-Pouss, la contractualisation des travaux de Ntui-Mankim, la contractualisation des travaux de la Nationale N°11. Je déplore le fait que nous n’ayons pas communiqué sur cette réunion du 04 octobre dernier. On aurait donné l’information qu’on ne serait pas là aujourd’hui.

L’un des tronçons qui a le plus défrayé la chronique, c’est la route Ntui-Mankim, où la BAD avait donné une non-objection. Qu’est-ce qui justifie cela ?

Pour la route Ntui-Mankim, il a été établi que le dossier n’était plus à notre niveau. Elle nous avait donné une non-objection conditionnelle. Pourquoi ? Parce que l’entreprise attributaire se devait de remplacer son directeur des travaux afin d’aligner son expérience sur les exigences de l’appel d’offres. Et marquer sa disponibilité à mobiliser les équipements dans un délai de 60 jours. Etant entendu qu’on commence par les équipements essentiels, notamment ceux du terrassement.

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Il faut signaler que cette entreprise a été attributaire parce qu’elle a été moins disante d’un peu plus de 3 milliards de FCFA par lot. Qu’est-ce qu’on ne peut pas faire au Cameroun avec 3 milliards de FCFA ? Donc nous avons pris les 3 milliards de FCFA, et nous lui avons demandé de remplacer son directeur de projet, et de mettre les équipements à disposition. C’est ce qui s’est passé. La BAD avait déjà reçu de nous la satisfaction par l’entreprise de ces deux conditions qu’elle a posées.

Ce que je dois ajouter sur Ntui-Mankim, c’est qu’entre-temps, il y a eu un recours d’un attributaire. Le recours est suspensif. Tant que le recours n’est pas vidé, alors, on arrête tout le processus. Ceci a conduit aussi à une prolongation de la réaction de la Banque. Puisque la Banque devait attendre que nous disions quelle est la suite du recours qu’un des soumissionnaires a introduit.

Autre dossier contentieux avec la BAD, c’est celui portant sur la « Ring Road ». Notamment la section Kumbo-Nkambe-Misaje. Où en est-on ?

Pour la Nationale N°11, l’anfractuosité a été prononcée sur la section Kumbo-Kambe-Misaje. Tout simplement parce qu’une seule entreprise avait répondu à l’appel d’offres. Bien qu’elle ait répondu à l’appel d’offres, elle ne remplissait pas les conditions de référence, et les capacités techniques. L’infructuosité a été prononcée. Un certain nombre d’entreprises ont été consultées et pré-qualifiées. Et là, le dossier était déjà à son niveau. Il faut reconnaître que ce que nous déplorons, c’est que parfois, les gens ne vont pas toujours à la bonne information.

Pour la section Wum-Bamenda-Bafut, le processus de recrutement du bureau d’études qui va faire le contrôle, et préparer les études techniques (ce que nous appelons la maîtrise d’œuvre complète), est en cours et la BAD le sait.

Pour Maroua-Bogo, alors, c’est là où nous avons découvert le pot aux roses avec le concours des services spéciaux du gouvernement. Où un soumissionnaire a réussi à tromper la vigilance des membres de la commission. La dernière étape d’analyse des offres des autres soumissionnaires est en cours.

Comment donc comprendre que des financements sollicités auprès d’un bailleur de fonds soient à ce point querellés. Au point où la BAD en soit, régulièrement, amenée à attirer l’attention du gouvernement sur le respect d’un certain nombre de points ?

Il n’y a aucune zone d’ombre entre nous et la BAD. Nous venons de valider ensembles, un manuel de procédures administratives comptables et budgétaires qui doit guider des rapports de collaboration entre la Cellule qui s’occupe de ces projets-là et la BAD. Nous avons cette réunion de dialogue qui s’est tenue lundi dernier, et nous avons encore eu un échange au téléphone.

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On ne suspend pas de financement ex-nihilo. C’est tout un processus. Il commence par des mises en demeure, qui établissent un certain nombre d’insuffisances, fixent des objectifs à atteindre, assortis des mises en demeure. Il n’y a pas une telle approche en ce qui concerne ces cas. Et quand même on annule un financement, c’est une décision qui est solennisée. Ce n’est pas une lettre qui annule un financement. Donc je vais me répéter, il n’y a pas d’annulation possible d’un financement.

D’ailleurs, ces financements ne sont pas encore à leur terme. Quand bien même un financement est arrivé à son terme et qu’il n’est pas entièrement consommé, il faut voir les raisons pour lesquelles il n’est pas entièrement consommé. S’il n’est pas entièrement consommé parce que pendant le processus, il y a eu un certain nombre d’imprévus, ce sont des choses que l’on fait valoir.

Pouvez-vous nous donner un exemple ?

Par exemple, vous pouvez dire que nous avons un financement à réaliser sur 36 mois de travaux. Mais vous vous retrouvez dans une zone de pluviométrie abondante. Vous suspendez les travaux six mois sur 12. Il faut faire valoir ces points.

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Je dois vous faire noter que les partenaires eux aussi suivent l’exécution des travaux. Ils ont des missions de revue qui leur permettent de se faire une idée sur les avancées, sur les raisons des retards. Donc le processus qui conduit à une annulation est suffisamment claire. Nous ne pouvons pas parler de l’annulation d’une ressource alors que nous ne l’avons pas encore consommé. Au moment où nous parlons, il y a l’entreprise China Railways 20 qui est sur le terrain à Ntui-Mankim pour se mobiliser et traiter les bourbiers. Chacun peut vérifier.

On constate que dans certains dossiers, il y a une répétition du manque de sincérité dans les offres des entreprises. Avant le cas de Bogo-Pouss, nous avons connu, sur la pénétrante Est de Douala, le cas de la CRCC14, qui n’avait pas totalement dit la vérité sur ses équipements. Qu’est-ce qui est fait pour éviter de se retrouver avec des retards d’un, deux ou trois ans, parce que des entreprises ont menti sur leurs réelles potentialités ?

Les commissions sont placées auprès du Maître d’Ouvrage que je suis comme organes d’appui. C’est justement parce que moi, j’ai choisi d’entrer personnellement dans le dossier que j’ai découvert le pot aux roses confirmé par nos services spéciaux.

Les mesures à prendre, vous pouvez en être rassurés, on va les prendre. Il y a déjà des sanctions administratives qui sont prises. Il y a l’interdiction de participer à la commande publique. Ce sont des mesures que le Minmap et le MINTP vont prendre.

Ce qui importe aujourd’hui c’est de faire l’axe routier. Je ne voudrai pas être distrait de cet objectif. Vous avez été à Bogo. Tout le monde a célébré la route Maroua-Bogo. Il faut maintenant tirer la route jusqu’à Pouss. Les inondations aujord’hui entre Maroua et Bogo sont derrière nous. Parce que nous avons réalisé un canal de 12 km. Qui l’eut cru ? Moi, je peux vous dire qu’en 2014, je revenais de là, mon véhicule s’est retrouvé dans l’eau. Aujourd’hui, c’est derrière nous. Nous n’allons pas nous départir de l’objectif qui est de mettre tout en place pour construire la route. Et s’il y en a qui veulent nous empêcher d’atteindre cet objectif, nous allons aussi les empêcher de nous distraire.

Par Frégist Bertrand TCHOUTA

 

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